Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Philip Larkin Rencontre avec Philip Larkin (1922-1985): Toads-Crapauds

Toad statue in Hull.jpg

Écoutez Philip Larkin

Toads

Why should I let the toad work

Squat on my life?

Can't I use my wit as a pitchfork

And drive the brute off?


Six days of the week it soils

With its sickening poison -

Just for paying a few bills!

That's out of proportion.


Lots of folk live on their wits:

Lecturers, lispers,

Losers, loblolly-men, louts-

They don't end as paupers;


Lots of folk live up lanes

With fires in a bucket,

Eat windfalls and tinned sardines-

They seem to like it.


Their nippers have got bare feet,

Their unspeakable wives

Are skinny as whippets - and yet

No one actually starves.


Ah, were I courageous enough

To shout, Stuff your pension!

But I know, all too well, that's the stuff

That dreams are made on:


For something sufficiently toad-like

Squats in me, too;

Its hunkers are heavy as hard luck,

And cold as snow,


And will never allow me to blarney

My way of getting

The fame and the girl and the money

All at one sitting.


I don't say, one bodies the other

One's spiritual truth;

But I do say it's hard to lose either,

When you have both.


Crapauds

Pourquoi laisserais-je le crapaud travail

Squatter ma vie ?

Ne puis-je me servir de mon esprit comme d’une fourche

Et chasser la brute ?


Six jours par semaine il souille

De son écoeurant poison —

Juste pour payer quelques factures !

C’est hors de proportions .


Plein de gens vivent d’astuces :

Bavards , baratineurs ,

Branleurs , bravaches , bellâtres —

Ils ne finissent pas mendiants ;


Pleins de gens vivent dans les allées

Avec du feu dans un tonneau ,

Mangeant ce qu’ils trouvent et des sardines en boîtes —

Ils ont l’air d’aimer ça .


Leurs gosses ont les pieds nus ,

Leurs inqualifiables épouses

Sont maigres comme des lévriers — et pourtant

Aucun réellement ne crève de faim .


Ah si j’étais assez courageux

Pour crier Foutaise , votre retraite !

Mais je sais , ô combien , que c’est de cette foutaise

Que sont faits les rêves ;


Car quelque chose d’assez crapautique

Me squatte aussi ;

Ses fesses sont lourdes comme poisse ,

Et froide comme neige .


Et ne me permettront jamais de baratiner

Tout mon soûl pour avoir

La renommée , la fille et l’argent

D’un seul coup , là .


Je ne dis pas , l’un donne corps

À la vérité spirituelle de l’autre ;

Mais , oui , je dis que c’est dur d’en perdre un

Quand on a les deux .

Traduction de Guy Le Gaufey avec la collaboration de Denis Hirson .

Pages 75 et 77 de La vie avec un trou dedans éditions Thierry Marchaisse, octobre 2011