Le cheval
C'est vrai que je croyais en la ferveur immense de vivre.
Chaque pas amplifiait en moi de vieilles mais toujours mouvantes adorations.
Ce pouvait être un arbre, la nuit, c'étaient des forêts de routes, ou le ciel et sa vie tourmentée, à coup sûr le soleil.
Un jour je vis la solitude.
Au faîte d'un monticule, un cheval, un seul, immobile, était planté dans un univers arrêté.
Ainsi mon amour, suspendu dans le temps, ramassait en un moment sur lui-même sa mémoire pétrifiée.
La vie et la mort se complétaient, toutes portes ouvertes aux prolongements possibles.
Pour une fois, sans partager le sens des choses, j'ai vu.
J'ai isolé ma vision, l'élargissant jusqu'à l'infinie pénétration de ses frontières.
Je laissais à plus tard le soin de voir ce qu'on allait voir.
Mais qui saurait affirmer que les promesses ont été tenues ?