La Mort
Allez, sergent, par ici.
Ne prenez pas la peine de vous défendre;
Vous n'épouvanterez plus personne.
Suivez-le, moine, sans plus attendre.
Dites ce que vous pensez, si vous voulez être entendu:
Bientôt la bouche vous sera close.
L'homme n'est que vent et cendre;
Vie d'homme n'est que bien peu de chose.
Le moine
J'aimerais mieux être encore
En mon cloître, et faire mon service:
C'est un lieu saint, où il fait bon être.
Mais, comme un fou, j'ai
Dans le passé commis maints péchés
Dont je n'ai pas fait pénitence.
Que Dieu me soit miséricordieux!
Ceux qui dansent ne sont pas tous joyeux.
La Mort
Usurier à l'esprit malfaisant,
Venez vite, et regardez-moi.
Prêter à usure vous a tant aveuglé
Que vous brûlez de gagner de l'argent.
Mais vous en serez bien puni
Car si Dieu dans sa gloire
Ne prend pas pitié de vous, vous perdrez tout.
Il est dangereux de tout jouer en un seul coup.
L'usurier
Dois-je donc mourir si tôt?
Ce m'est une grande peine, un grand chagrin.
Ils ne peuvent me secourir,
Mon or, mon argent, mon avoir.
Je vais mourir, la Mort approche,
Ce qui me déplaît souverainement.
Qu'est-ce que cette mauvaise coutume?
Tel a de beaux yeux, qui n'y voit goutte.
Le pauvre
L'usure est un grand péché,
Comme chacun le dit.
Et cet homme dont la Mort
Approche n'en tient pas compte.
Ce même argent qu'il compte dans ma main,
Il me la prête encore à usure.
Cela lui sera compté.
N'est pas quitte, qui doit encore.