1.1.2 . [GO 115
Je vis sans hivers sans lieux nul lieu nul temps n’est plus qu’un
autre j’ai cessé d’entendre le bruit que fait l’eau aujourd’hui je
ne dis pas le monde est bain de fiel je ne dis pas voici des yeux
et des merveilles je suis soir et neutre
Le sentier amour n’a pas été poursuivi le temps collectif n’est
qu’un savoir et je le sais la forme lourde qui m’enserre mais sur
le blanc qui se présente je n’écris pas je trouve peu je prends
peu dans le blanc des villes je me trappe
s’il y a toujours des voyages dont on ne revient pas semblable
une fontaine non de sagesse mais de signes peut-être est-ce le
lieu seulement où je tends
qui ne vise pas le futur la pierre le pactole ni le jeu des arbres
ni celui des membres des bateaux qui vis sans ciel qui vis sans
froid questionnant où dites-moi où serai-je
deuxième poème du recueil ∈ ,
Editions Gallimard, 1967