OCÉAN DE TERRE
À G. de Chirico
J’ai bâti une maison au milieu de l’Océan
Ses fenêtres sont les fleuves qui s’écoulent de mes yeux
Des poulpes grouillent partout où se tiennent les murailles
Entendez battre leur triple cœur et leur bec cogner aux vitres
Maison humide
Maison ardente
Saison rapide
Saison qui chante
Les avions pondent des œufs
Attention on va jeter l’ancre
Attention à l’encre que l’on jette
Il serait bon que vous vinssiez du ciel
Le chèvrefeuille du ciel grimpe
Les poulpes terrestres palpitent
Et puis nous sommes tant et tant à être nos propres fossoyeurs
Pâles poulpes des vagues crayeuses ô poulpes aux becs pâles
Autour de la maison
il y a cet océan
que tu connais
Et qui ne se repose jamais
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Apollinaire (Guillaume). Océan de terre. (Vente le 28 avril 1999 - Commentaire trouvé sur le site AUCTION.fr )
Poème-calligramme autographe. 1 feuillet in-8 d'un carnet petit in-8, toile bise ; chemise demi-maroquin noir et étui.
Poème publié d'abord dans Nord-Sud, en février 1918, puis dans Calligrammes (1918), dédié à G. de Chirico ; mais s'il est dans l'édition sous forme de poème linéaire, il est ici en forme de calligramme étoilé et avec des variantes inédites.
Le fonds Doucet conserve deux manuscrits de ce poème, mais conformes au texte définitif.
Il est écrit sur un feuillet d'un petit carnet à couverture entoilée ; sur la garde G. Apollinaire a noté diverses adresses ; sur un second feuillet, dessin au crayon d'une tête de femme ; sur le troisième, dessin d'un képi militaire.