Didascalies.
1) première scène :
époque moderne-lever de rideau-
décor : l'intérieur d'une chapelle à l'heure de complies; l'officiant âgé vit à la Congrégation des Soeurs- de-l'Espérance ; assure chaque jour trois offices, les cours aux novices (à l'aide du lectionnaire); aide le jardinier et les soeurs aux tâches maraîchères; vue de 3/4 avant de l'assemblée ; elle comprend 12 religieuses, la plupart infirmières diplômées ; 6 novices voeux à prononcer, entourent la mère supérieure ; l'institut religieux est ouvert sur le Monde comme le veut sa vocation de soins aux malades à domicile depuis 1836 ; la culture-bio, sous serre, assure la vie courante avec la basse-cour; les surplus sont proposés sur les marchés locaux.
<<croire dans la réalité de la marche de nos relations>> est la ligne de conduite de la Mère Angèle-des-Bienheureux professant que : <<le roman des rêves se lit dans le silence des nuits où le vent joue avec nos rêves...>>
2) deuxième scène :
décor : la salle de classe de l'institut ; les 6 novices : Paula, Lucie, Marie, Christiane, Amélie et Fanny ; Mère Angèle fut prof. de philo jadis ; elle enseigne à ses novices l'histoire comparée des philosophies, la philosophie de la religion (essentialisme et fonctionnalisme);
but: leur donner une liberté de jugement pour choisir et décider de leurs voeux ;
Mère Angèle-des-Bienheureux n'a qu'un seul plaisir au monde :
"écrire un roman intime et utiliser les nuits pour virevolter dans les intimités en veillant à ne déranger ni la poussière, ni ses jeunes oblates..."
Paula : "ma Mère comment voyez-vous la rencontre entre les philosophies et la Foi ?"
Mère Angèle :"pour cela j'ai appris à déchiffrer les silences des nuits...et de mes rêves aussi..."
Fanny :"votre réponse peut-elle être rattachée à votre foi autant qu'à vos choix intellectuels ?"
Mère Angèle : "j'ai découvert que la pensée agenouillée, et bientôt couchée, ne se peut concevoir face aux nécessités du Monde autour de nous..."
3) troisième scène :
décor : un marché fruits/légumes du matin; 3 novices tiennent l'étal :Paula, Lucie et Fanny; parlent entre les chalands; elles ont le même âge; viennent des mêmes milieux donateurs; débuts d'études axées sur le médical; motivations d'entrée dans l'ordre, diverses mais assez proches : puînées peu dotées, quasi-soeurs, déceptions plus ou moins graves...sentiments piétinés...
Paula : "déjà quand j'entend le nom de notre mère je lutte, pour les garder vivants, ces mots : rêves, plaisirs intimes... et pensées qui s'envolent..."
Lucie : "oui...j'ai prononcé son nom comme on dit maman adorée...oui... je le pense..."
Fanny : "Mère m'a appris à déchiffrer les silences des nuits, habitées par mes rêves...aussi..."
rideau sur l'Eté de Vivaldi.
4) quatrième scène :
décor : le jardin de l'institut, le jardinier, au travail, aidé par le vieux curé; soleil d'après-midi; pépiements d'oiseaux; premier plan : deux novices préparent des bouquets pour le marché de demain; leurs mots sont murmures...
Fanny : "quand j'ai perdu espoir...notre relation est devenue poussière...je ne pouvais sortir de mes silences qu'en détruisant tout ce que nous avions construit..."
Christiane : "marcher, en solitaire, le long des rives d'un lac est un beau souvenir dont je rêve qu'il se reproduise...dès que possible !"
noir complet, rideau sur l'Ode à la Joie.
5) cinquième scène :
décor : la salle des douches individuelles du couvent; les 6 novices finissent de revêtir leurs tenues du jour; moment d' échanges et de confidences entre femmes, jeunes, qui cherchent le sens de leurs vies; quatre sont indécises pour les voeux , attendant un signe, un geste, elles hésitent encore; Marie et Christiane doivent à leurs familles de savoir , déjà, que leurs destins sont tracés; se préparant pour leur journée à venir, elles conversent :
Paula : "mes soeurs savez vous combien de novices comme nous sont passées ici depuis que Mère Angèle en est la supérieure ?"
Amélie : "il y a peu je demandais à notre Mère une explication à propos de Lao-Tseu et sa réponse m'a étonnée : 'prendre, c'est rendre et se donner... sans cesser de s'appartenir' ; faisait-elle référence aux vertus théologales qui sont celles de notre Congrégation, ne le pensez vous pas ?"
Christiane : "Il me semble, oui...en arrivant ici ,seules les vertus cardinales m'étaient connues...je les vivais dans ma famille...une morale...le devoir...le bien...le bonheur..."
chute/ rideau; musique : Debussy-la Mer.
6) sixième et dernière scène :
Mère Angèle-des-Bienheureux, seule, achève la relecture de son volumineux dossier (poussiéreux, longtemps caché sur le dessus de la bibliothèque de son bureau largement ouvert sur l'au-dehors) Aller-retour virevoltants, pensées tourbillonnantes la ramènent à la fenêtre d'où elle contemple la saison rouge des cerises et des coquelicots.
<<elle essaie, tente, veut comprendre ce que sont les silences de ses jeunes soeurs, ses novices... Que peut-elle y lire au juste ? Ces silences sont trop intimes, fuyants ils échappent aux sens...>>
( heure tardive) Angèle va au jardin portant son volumineux manuscrit. Dans ce trou qu'elle creuse, aux pieds des rosiers, ses rêves, ses désirs y seront enfouis ; elle y laissera crier son intime réalité... Il lui revient, qu'avant, il y a longtemps, elle était Angéla... Une Angéla toujours présente pour l'écriture de son roman intime; fut-il le seul plaisir d'Angèle au Monde ?. . .
noir complet, descente du rideau / concerto d'Aranjuez.
Commentaires 3
Monseigneur,
serait-ce invitation à relire Diderot et sa religieuse?
Ou un Despentes.
Jardinez les jardiniers, moines, novices. quelles fleurs choisir, telle serait la question?
Ne m'étant jamais approchée ni de la philosophie , ni de la théologie, ni de Mère Angèle, ni même du jardinier, j'ai eu quelques difficultés à savoir si je prononcerais ou pas mes voeux mais je ne désespère pas, peut-être après m'être rapprochée de Diderot ou de Lao Tseu!
Trêve de rigolade, c'est délicieux!
je me suis perdue dans cette pièce, n'ai pas sut trouver un chemin, par manque de culture, peut-être. je n'arrivais pas à comprendre. si je le voyais jouer, il est possible que pour moi ce soit plus clair.