Encrier 87

Textes de Liseroon Texte de Liseroon du 18 novembre

C'était il y a longtemps...Sa charpente vous coupait le souffle. Son chassis dynamitait les résistances les plus féroces. Sa forme oblongue suscitait l'envie même des plus sobres. Sa surface polissée reflétait l'azur. L'air glissait sur elle...les rayons du soleil aimaient s'attarder pour caresser ses courbes aux chromes étincelants. Et puis...

Son intérieur spacieux était unique: les fauteuils, revêtus d'un velours aubergine profond, faisaient penser à la fourrure d'une panthère alanguie, qui derrière sa nonchalante apparence, ouvrirait un oeil jaune d'or, hypnotique, envelopperait doucement sa proie et CRAC: la dévorerait encore tout éberluée. Telle un piège qui se referme ou la gueule d'une plante carnivore qui te gobe, elle angloutissait celui qui osait franchir la porte.

Nul n'en revenait indemne. Tu sortais de cette mue métamorphosé. La mise à nu était totale. Jusqu'aux os. Plus le moindre recoin où cacher hontes et remords, petites lâchetés ou doutes...elle te suçait le sang jusqu'à la moelle, te rendait blanc comme un os décapé à l'acide.

Difficile de se rhabiller. Difficile de trouver chaussure à son pied. Difficile de regarder les autres, ceux qui ne sont pas tout nus. L'impression de ne plus savoir où est sa place. Au cimetière, ils sont tous tout nus et tout blancs...mais ils sont morts! Vous vous êtes toujours vivant. Juste un peu plus nu qu'avant, un peu plus nu que les autres... Alors tu sors calfeutré...avec de grandes poches pour y cacher tes peines, tes failles, tes différences...tout ce qui effraie l'autre...

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