Encrier 87

Textes de Liseroon Texte de Liseroon du 3 novembre

Le linge étendu à l’endroit fini sur la grande plage, tombé sur le sable, demeure vide. D'abord, en guise de plage, ce n'est qu'un petit banc de cailloux roulés plus ou moins par le Lagnon.

Avant il y avait des truites...on dit toujours avant...

Les cailloux finissent en sable. Alors, il y a aussi un banc de sable, parsemé de cailloux plus ou moins roulés, plus ou moins gros, certains même qu'on appelle rochers.

C'est au pied du village. A côté du camping. Près d'un petit pont de pierre. Parfois, on voit des bestioles le franchir ...mais j'ai oublié leur nom...même à quoi elles ressemblent.

Le temps fait son travail. Je dirais même qu'il le fait avec trop de zèle: il efface beaucoup de souvenirs...même certains importants à se rappeler...et pfuit, plus rien.

Le sable demeure vide...eh oui...de plus en plus en ce moment.

Comme je n'arrive pas à trier, ma mémoire efface tout. Sans distinction apparente.

Mais hier, je me suis souvenue d'un détail d'une BD de Lucky Luke. Je visionnais une danseuse de cabaret en couverture. J'ai cherché dans le cerveau de substitution qu'est mon téléphone et j'ai retrouvé jusqu'à la planche de BD du Grand Duc où celui-ci boit du champagne dans une bottine!



Mémoire ancienne...toujours présente...

Mémoire récente...déjà absente...

qualité de l'attention quand je lisais enfant, sûrement...

noyade dans le tsunami d'informations depuis quelques années...ou est-ce autre chose?

Demeure vide...ma maison près du Lagnon est vide...vide de meubles

mais pas d'histoires...

ni de souvenirs...quoique beaucoup ne sont plus...tabula rasa...

ni de sensations...ça oui!

Je sens le soleil par la fenêtre de la cuisine sur mes yeux fermés...je sens le goût du café fumant...le rugueux des murs épais et rassurants, vieux de 700 ans...comme un vieil arbre à l'écorce noueuse...

Mon vieux chêne où es-tu?

Tu es là? Tu es ces murs? Tu es cette maison qui s'élance vers le ciel?

Ta canopée — que j'aime ce mot — je m'y niche, je m'y cache, j'y contemple le monde, radieuse!

Tu m'accueilles et me protèges. Toi qui as traversé les siècles, survécu au froid, au vent, aux cons...dans tes branches la vie est belle.

J'oublie que j'oublie.

J'oublie le temps. Je me sens à ma place.

Commentaires 1

  • alpico

    Mémoire sélective : Tu n'as pas oublié Lucky Luke !

     

     

     

    alpico

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