Voilà, je me retrouve sur cette grande plage au contact du sable encore chaud. Non, ne croyez pas que j'ai été abandonné ; j'ai juste été oublié donc je suis certain qu'on va revenir me chercher. Je ne vais pas me plaindre, il y a pire comme situation quand même ! Alors à moi de profiter de ce moment de solitude et du cadre qui m'entoure !
J'écoute le murmure persistant de la mer qui, pour l'instant, s'agite en légers tourbillons. Je voudrais pouvoir interpréter la musique de ses vagues irrégulières giflant les rochers. Pas l'ombre d'un bateau, pas signe d'un marin, pas un seul phare qui brille ! Mais l'immensité de la mer se suffit à elle-même et cette absence de vie permet d'en admirer les reflets moirés. J'apprécie ce moment.
Quelques mouettes, au loin, se manifestent. Je les imagine faire de la voltige aérienne, fières de leur liberté et de l'espace mis à leur disposition. J'avoue que je préfère les savoir au loin de peur qu'elles ne déposent leurs fientes sur moi... Sans vouloir me vanter, je suis du genre coquet, je serais contrarié par cet ornement sale et puant. Mais non, ne pensez pas que je fais des manières, je suis juste un peu délicat !
Les nuages ont fini par chasser le soleil. Je sens que le soir arrive d'un bond. Je ne suis pas rassuré, je n'ai pas l'habitude de passer la nuit dehors. Le vent se lève et se mêle à ma peur. J'entends la mer devenir sauvage en bouillonnant de plus en plus vite, de plus en plus fort et, à cet instant, le confort de mon foyer me manque.
Je sens alors une main me saisir, une main douce enlever le sable collé à moi. Je comprends que je vais retrouver la chaleur de mon canapé, la chaleur des corps ou des têtes se calant contre moi. Je vais retrouver aussi les petits points négatifs, comme les poils de chat me chatouillant après le passage du gros Gribouille, ou encore les petites gouttes de café échappées sur ma housse ou le fait d'être jeté violemment lors d'une bataille d'oreillers.
Mais je reconnais que je suis entièrement satisfait de ma vie de coussin rose !...