Encrier 87

Textes de Pierrot Texte de Pierrot : Une belle rencontre

Une belle rencontre

Je marche.

Sable doré sous mes pas.

Entre l’ile, entre l’eau, la plage du Lido qui paresse et s’étire.

Je m’invente un chenal qui court entre les coquillages ; ainsi ma barque est prise dans tous ces entrelacs et m’achemine sans effort.

Au loin, une forme qui prend corps.

Le tien, presque nu qui s’avance et s’impose.

A mi-chemin, tu te dérobes dans les plissés de l’eau.

En attente, à côté, tes effets délaissés que le vent, que mes mains….

… Caresses osées.


Attendre.

Attendre que la mer te rejette, que tu viennes t’échouer au pied de tes couleurs.

Etendu près de toi qui miroites encore de ce bain d’été, le cœur cogne, choque comme les hauts mâts sur la jetée.


Ivre, ivre de te parler….

On ne se quittera plus, ou presque, à l’approche de la nuit pour rejoindre de silencieux hôtels qui nous séparent.

Le hasard nous offre plusieurs jours à dépenser sans compter.

Venise nous attire et détourne sur elle tous nos regards.

Nous nous aimons à travers elle.


Concerts, vaporetto, vaporetti,

Rialto, son marché, les fruits chauds qui coulent.

Les musées, San Giorgio.

Le ghetto dans la ville.

Burano, Murano ses glaces.

Salute, Zattere, les ponts, les arches.

Petits pains, petit vin qui saoule.

Mardi soir, le temps nous est compté.

Dans le sablier, le sable traîne puis file et quand vient la fin se précipite à l’embouchure.

Dernier canal.

Venise se referme déjà dans le sillage lassé, laissé par le canot.

Faire l’inventaire, tout consigner :

La beauté du couchant qui embrase la ville et incendie nos sens.

Le clapotis des vagues qui meurent au pied des marches vermoulues.

Les palais fragiles qui s’effacent en s’enfonçant dans l’eau.

Ta bouche, tes yeux rougis déjà par la certitude du moment à venir, quand sera venu le temps de se dire adieu.

Bientôt, trop vite, trop tôt, tout sera remisé, embaumé dans les stratégies de notre mémoire.

Folie de n’avoir rien dit.

On ne s’est jamais revu ou presque.

Au Lido, l’ombre de ton corps presque nu devant moi……

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Pour les amoureux de Venise , voir ICI

Commentaires 4

  • Liseroon

    Waouhhh! Tu nous emportes! J'en ai rêvé (comme beaucoup sûrement) de ce voyage et tu l'écris. L'Italie et l'Amour...c'est un peu comme la nuit et les rêves...un éternel romantisme, le désir qui frissonne sous les cils...

    Liseroon

  • Alpico

    Ah Venise, que de souvenirs , de rêves, aussitôt que ton nom est prononcé;
    Merci pour ton beau texte

     

    Alpico

  • Lilah

    La belle et perfide Venise a pris bien trop de place entre ces deux-là pour qu'une rencontre de rêve ait lieu mais sans cette Venise, nous lecteurs n'aurions pas eu la chance de faire avec le narrateur ce si beau voyage au pays des fantasmes, en ces jours où s'évader devient vital .
    Merci, merci

    Lilah

  • Shane

    Ah Venise, l'éternelle !
    Voir Venise et mourir, comme cela se disait autrefois.
    La cité des Doges émerveillera toujours avec ses mystères, ses salons discrets, l'aventure au fil des canaux. En voilà, une des plus,qui nous es conté ici et nous transporte. Merci de ce sympathique récit.

    Shane

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