Je viens de me prendre (encore !) un an de plus dans la tronche. Je jette un coup d'oeil à la grosse pendule qui découpe le temps. Les heures se déploient, les heures passent, les années filent et défilent : un TGV, Temps Grande Vitesse ! Une vie traversée par des pointes de vitesse excessive !
Dehors, le soleil baisse la tête, le ciel est bas et gris. Rien pour me remonter le moral ! Période morose, jour morose, j'ai vieilli (encore !) et je m'ennuie... J'ai du bleu à l'âme !
Pourquoi ? Pourquoi cette angoisse aujourd'hui ? Vertige de vieillesse ! Est-ce dû aux paroles innocentes de mon arrière petite-fille : "Pépère, tu connais le T.Rex et le brontosaure ? T'étais né à leur époque ?"... J'ai ri jaune !!!
Je regarde à nouveau la grosse pendule. Elle continue à bouffer les heures.
Qu'ai-je fait de ma vie ?
Des fragments de souvenirs sortent des étagères de ma mémoire.
Je me souviens de notre bande de potes. Tous les samedis, on se rassemblait sur la place du Champ de Foire, toujours à mater les culs moulés dans les jean's et à refaire le monde.
Je me souviens de Gustave et de ses éternels pantalons rayés, de Roberto qui gobait les mouches en cours de géographie en rêvant de Tahiti, de Marc et de son addiction à la bière brune (il savait pourtant que tout excès pouvait devenir danger), de Nicole qui, à quinze ans, avait déjà vécu une maternité, et Annabella, la Bella Annabella, une pro du jeu de la séduction et dont j'étais follement tombé amoureux.
C'est bien loin tout ça ! Si loin ! Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus, ils ne savent pas ce que je suis devenu, mais une chose est sûre, nous sommes tous devenus vieux !
Commentaires 2
Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
J’hésite un peu toujours à les regarder boire
Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
(Jules Supervielle)
Désir qui reste debout...Tangible face au vide. Ne remplir que de gazoil de soi.