Encrier 87

Textes de Sylvie Texte de Sylvie du 28 novembre : À Poupette

A Poupette,




Le facteur vient de me déposer ton enveloppe dont j' ai lu le contenu avec empressement. Me voilà très inquiéte en découvrant les difficultés auxquelles tu es confrontée en ce temps de solitude découlant de la pandémie.

C'est l'automne, les feuilles s'envolent, les jours sont courts, les possiblités de quitter son domicile limitées et contrôlées.Tout concourt à te pousser à faire le ménage mais tu me dis ne pas savoir par où commencer. Je vais donc me permettre de te donner quelques conseils à propos de tes placards de cuisine et de tes bottines.

Essaie, si possible, de ne pas mélanger les denrées alimentaires et les boissons diverses avec les produits ménagers et supprime ce qui fait double emploi ,est inutile ou démodé . Pourquoi garder des bouteilles de Dubonnet? Cet apéritif était apprécié par nos grands-parents qui aimaient le servir à leurs invités.

Quant à tes bottines dont les lacets s'embrassent tendrement, c'est là aussi le résultat de l'accumulation au fil des années d'un grand nombre de paires d'un modèle similaire. Si tu parviens à prendre la décision d'en éliminer quelques- unes et de ranger soigneusement les autres, tu éviteras que celles qui sont décorées avec des pompons roses fassent la cour à celles ornées de petites fleurs bleues ; ces unions improvisées autant qu'inattendues ne doivent pas te mettre la tête à l'envers , le coronavirus ne peut venir frapper ni les unes ni les autres. Pour le reste, je te conseiile de suivre les méthodes de Marie Kondo dont tu as déjà lu quelques articles dans la presse féminine.

J'en viens à présent au point le plus important de ta correspondance sur lequel je vais te livrer le fond de ma pensée au regard de la crise existentielle que tu traverses.

Jeune, tu as su mettre les voiles et malgré ton apparente fragilité, tu es parvenue à imposer ton choix de vie, un peu excentrique certes mais en parfait accord avec toi-même, dans un endroit éloigné où tu croyais demeurer paisiblement jusqu'à ton ultime voyage pour l'éternité. Mais voilà que tout s'agite dans les profondeurs de ton corps et de ton âme et que tu te sens glisser sur la mauvaise pente, que ton confort intérieur s'envole et que ton quotidien devient morose.

Je crois profondément que nos existences sont faites de périodes de contrastes et que l'automne de la vie, période dans laquelle tu entres, fait naître chez toi comme chez chacun d'entre nous de longues courbes d'interrogations et poindre des regrets.

Cependant, même si tu as le coeur gros, continue à être la meilleure navigatrice de ta barque , avance dans l'imaginaire des possibles de chaque jour nouveau.

Tiens bon la vague et tiens bon le vent et restons unies par l'amitié comme les doigts de la main !

Bien à toi.

Commentaires 1

  • Shane

    C'est tout simplement charmant, parait tout à fait réaliste, remplis de poésies, ce dont nous avons besoin.

    Shane

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