Encrier 87

Textes de Daniel Texte du 18 novembre de Daniel : Des goûts et des couleurs

La Sagesse des Nations nous aide, chaque jour, sans que nous en prenions conscience la plupart du temps. Des expressions comme :"...l'habit ne fait pas le moine..." et "...à bon chat, bon rat..." illustrent bien la chose. Mais ici, que l'on me pardonne, je veux citer, peut-être la plus connue de toutes : "...des goûts et des couleurs on ne peut discuter !"

La patine du temps perfuse cette idée dans l'inconscient collectif au point de devenir indiscutable pour les Gaulois réfractaires, partant farouches individualistes...




Des goûts et des couleurs on ne peut discuter...Séculaire affirmation ! qu'on est prié de ne pas discuter sous peine de passer pour un esprit fort, un empêcheur d'interdire en rond et, pour dire, un faiseur d'histoires futiles et infantiles donc inutiles.

Ce proverbe fut hermétique pour moi, longtemps. J'entendais : 'coups et douleurs' dans les cours de récréation chahuteuses, pagailleuses et bagarreuses...

L'erreur effacée je me suis (beaucoup) demandé pourquoi il fallait interdire, au nom de quoi et de qui ? Sonnant comme un ukase divin serait-il l'endéca-commandement du Décalogue ?

 et Dieu dit à Adam:Tu ne discuteras ni des goûts d'Eve ni de la couleur de ses cheveux

Tel que présenté, ce respect de l'ordre (depuis environ six mille ans selon les créationnistes...) explique les fortunes des concepteurs de teintures capillaires ainsi que celles des couturiers de haut-vol !

Mai-68 nous offrit une maxime libertaire : "il est interdit d'interdire !". J'en suis toujours là. Depuis la levée de cet interdit je me demande pourquoi le bleu est la couleur préférée des Européens. Pourquoi le noir est la couleur du deuil et le blanc celle de la pureté sinon de la chasteté...Et pourquoi le rouge serait celle des taureaux dans les arènes sacrificielles (à cause du sang peut-être ?). Quant à la dichotomie bleu/rose, qui préside au tissage des layettes depuis des siècles, serait-elle d'origine céleste ? Le vert nous apporte l'espoir et le jaune serait symbole de fausseté, de dissimulation...Au passage n'omettons pas de dire qu'entre le noir et le blanc il y aurait 50 nuances de gris pour le moins...




Etendards, fanions, gonfalons, oriflammes et bannières furent suivis docilement par des peuples tenus en laisse et promis à tous les sacrifices. Une orgie colorée, où le rouge domine, et sans cesse renouvelée.

Bleu, blanc, rouge, avec du jaune, du vert, du noir ! Poésie de l'héraldisme: sinople, sable,gueule, or, argent, azur, pourpre...Et, revenues du passé, si belles: amarante, garance, magenta, nacarat, nattier, citrin, ochracé, orpiment. Notre mémoire en oublie beaucoup.

Que les guerres sont donc fraîches et joyeuses à l'ombre des forêts de drapeaux multicolores battant aux vents des victoires et des défaites...Heurts et malheurs des temps sanglants qui semblent devoir, hélas, perdurer encore quelques temps...A l'image du célèbre : "si vis pacem parabellum".




Depuis quelques décennies est apparue une nouvelle approche de la colorisation des idées, inspirée d'un des plus beaux cadeaux de Dame Nature. Les couleurs du Ciel sont descendues parmi nous pour présider à des rassemblements, des défilés, des manifestations pacifiques et protestataires, sous des drapeaux qui reprennent ce que les Grecs nommaient l'Arc d'Iris, la messagère des Dieux.




Des noms illustres restent attachés à l'étude et la représentation de ce photométéore. Descartes, Newton, et d'autres noms moins célèbres. Aristote ne distinguait que trois couleurs : rouge, vert et violet avec, peut-être le jaune. Au Moyen-Âge il y eu 4 couleurs reprenant les 4 éléments constitutifs. Isaac Newton décrit cinq couleurs mais la magie du 7 mythique, incluant le rouge avec l'indigo permis de se calquer sur la gamme musicale.




Chez les Incas il y avait sept couleurs aussi, nombre retenu par les Pacifistes européens. Depuis 1978 le mouvement LGBT compte 6 couleurs plus le rose et le turquoise.Dans la mouvance foutraque, joyeusement débridée des défilés de la Gay Pride, la palette colorée est toujours présente. Tous-toutes se rallient à ce panache : maquillages corporels, banderoles, perruques, vêtements...Et puisque rose il y a citons la jolie nuance de rose, dite 'cuisse de nymphe'; citation tronquée car il y manque un mot. Les dictionnaires nous en disent plus long à ce sujet, ce serait donc un :

    'rose cuisse de nymphe émue'...(avec l'émotion...qui dira ce que nymphe fera ?)



Une légende curieuse, venue d'Irlande, nous apprend, entre autres, l'existence du petit peuple des Leprechauns. Ils ont pour passion l'accumulation de trésors en pièces d'or. Il se dit que lorsque les humains admirent un Arc-en-Ciel celui-ci indique, qu'à sa base, se trouverait un sac d'or caché par le Petit-Peuple malicieux. Ce but tentateur s'avèrera inatteignable car s'éloignant à chaque pas fait vers lui.




Elle, elle nous vient des débuts de l'Univers. Sans doute apparue-t'elle quelques secondes après le Bing-Bang originel. Couleur reine, elle absorbe toutes les autres contenues dans la Lumière émise par les astres en fusion, dont notre Soleil. Elle symbolise le néant, la Mort, elle est tapie dans les "blacks-holes"...

Sagesse, de ce proverbe qui serait dit-on arabe, que dire ?

                         '' la fourmi noire sur la pierre noire dans la nuit noire seul Dieu la voit

'' Peut-on le traduire par: 'ce qu'on ignore, ce qu'on ne voit pas, n'existe pas' ? Si oui le vertige métaphysique est proche, il touche à l'inommable, frôle l'intouchable et suggère l'indicible...

En la sacralisant Soulages lui a donné son siècle. Johnny chanta:"noir c'est noir". Ferré leva le drapeau en berne sur l'espoir, et le Gainsbourg de 64 osa une:

                               ..couleur café...que j'aime ta couleur café...

Le café, quant à lui, en répondant à cette charade, se définit lui-même :




                             Noir comme la Nuit, chaud comme l'Enfer, doux comme le Baiser et fort comme l'Amour...

Commentaires 1

  • Alpico

    Merci Daniel pour cet intéressant  panoramique sur les couleurs dans le temps et à travers le monde .

    L'historien Michel Pastoureau, spécialiste de l'héraldique et de la symbolique des  couleurs, donne

    --- pour ceux que ça intéresse -- de multiples éclairages dans ses livres .

    Par exemple dans "Bleu. Histoire d'une couleur"(disponible à la BFM)

    Lien vers une conférence "Histoire et symbolique du bleu" de Pastoureau :https://www.dailymotion.com/video/x2m2t95

    Alpico

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