Les signes extérieurs
Ce sont les vertiges qui sont mes rivières vives.
C'est la fatigue qui est ma nage dans les nénuphars.
La vigie qui apparaît si haut, c'est mon mal, et le navire que je vois ne saignerait point par ses
écubiers, si je ne perdais mes forces moi-même.
Poteaux à tête de vautour.
Poteaux doubles.
Poteaux têtus, comme suicidés debout.
D'aucun pays, je le sais, vous n'annoncez l'approche.
Je ne vous reconnais que trop pour ce que vous êtes réellement et vous comprends en m'en
désolant.
Henri Michaux, La vie dans les plis