Car ma dame, que Diex
gart,
Par un dous riant regart,
D'ardant desir fist un dart
Et un d'esperence. ...
Ne savoie,
Quant fui pris,
Se j'estoie
Mors ou vis ; ...
Ne queroie
Paradis,
Autre joie
N'autre pris ;
Ne sentoie
Riens, tandis
Que veoie
Son cler vis
Qui m'a de s'amour espris.
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Car ma dame (que Dieu la garde !)
D’un doux regard rieur,
Fit un dard d’ardent désir
Et un autre d’espérance …
Je ne savais
Quand je fus pris
Si j’étais
Mort ou en vie. …
Je ne désirais
Ni Paradis
Ni autre joie
Ni autre prix ;
Je ne sentais
Rien, tandis
Que je voyais
Son clair visage
Dont je me suis d’amour épris.
Guillaume de Machaut, "Le Lai de bonne espérance" (extraits), Le Voir Dit, XIVe siècle, traduction Stanislaw Eon du Val.