Écoutez Roger Blin
L'assaut du sabre ondulant
Là, je subis l'assaut du sabre ondulant.
Difficile de parer les coups.
Et avec quelle souplesse, il entre dans les chairs.
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Il y a aussi la lance qui est portée contre moi, longue, très longue.
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Elle va s'effilant, sinon, vu sa longueur qui est de plus de huit mètres, il me semble, elle ne pourrait être maniée même par six hommes réunis.
Déjà à un mètre de moi, elle est aussi effilée qu'une aiguille pour injection hypodermique et elle va toujours s'effilant, si bien qu'à cinquante centimètres elle est déjà presque invisible.
Aussi quand elle entre dans le corps, ténue comme elle est, mais d'autant plus pénétrante, à peine si elle dérange les couches de cellules sagement assemblées des différents tissus.
Il faut alors ne pas bouger, absolument ne pas bouger (mais comment faire?) et ne presque plus respirer. Alors elle se dégagera peut-être comme elle est entrée, doucement.
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Mais malheur à qui aura un sursaut.
Un éblouissement de mal vous atteint alors au plus profond.
Un neurone sans doute, un neurone crache
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sa souffrance électrique, dont on se souviendra.
Oh! moments!
Que de moments d'alerte dans
cette vie...
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Mais parfois, quand elle est doucement entrée en vous immobile, cependant que dans votre dos des gens remuent inconsidérément, on a parfois l'étrange impression que peut-être en ce moment de répit pour vous, elle est en train de tuer quelqu'un à travers votre corps, je veux dire « au-delà », et l'on attend le cri fatal, mais sans le désirer naturellement.
On est dans un embarras déjà suffisant.