Anselm Kiefer - Pour Paul Celan
Le jour, les jours, la fin des jours (Méditation sur la fin de Paul Celan) (1973)
……………………………………………………………………
Sans qu’ils parlent, lapidé par leurs pensées
Encore un jour de moindre niveau. Gestes sans ombres
A quel siècle faut-il se pencher pour s’apercevoir ?
Fougères, fougères, on dirait des soupirs, partout, des soupirs
Le vent éparpille les feuilles détachées
Force des brancards, il y a dix huit cent mille ans on naissait
déjà pour pourrir, pour périr, pour souffrir
Ce jour, on en a déjà eu de pareils
quantité de pareils
jour où le vent s’engouffre
jour aux pensées insoutenables
—————————————
Je vois les hommes immobiles
couchés dans des chalands
——————————
Partir.
De toute façon partir.
————————————
Le long couteau du flot de l’eau arrêtera la parole.
Henri Michaux (1899-1984) – Moments, traversées du temps (1973)Poésie/Gallimard , p.121
(Dans À distance , publié en 1997 au Mercure de France , on trouve une version de ce poème , avec quelques variantes , sous le titre : Les jours , encore les jours , la fin des jours p.101 . Le poème y est dit " publié sous le titre La fin des jours dans Caravanes no 3 , 1991")
:::::::::::::::::
Version de À Distance :
Sans qu’ils parlent , lapidé par leurs pensées
Encore un jour de moindre niveau. Gestes sans ombres
A quel siècle faut-il se pencher pour s’apercevoir ?
Fougères, fougères, on dirait des soupirs, partout, des soupirs
Le vent éparpille les feuilles détachées
Force des brancards, il y a dix huit cent mille ans on naissait
déjà pour souffrir pour pourrir, pour périr,
Ce jour, on en a déjà eu de pareils
quantité de pareils
jour où le vent s’engouffre
jour aux pensées insoutenables
—————————————
Le long couteau au bord de l’eau arrêtera la parole.
———————————————
Je vois les hommes immobiles
couchés dans des chalands
partant …
De toute façon , s’en aller
de n’importe quelle façon ,
s’en aller