Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Henri Michaux Rencontre avec Henri Michaux : Le jour, les jours, la fin des jours (Méditation sur la fin de Paul Celan) (1973)

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Anselm Kiefer - Pour Paul Celan

Le jour, les jours, la fin des jours (Méditation sur la fin de Paul Celan) (1973)

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Sans qu’ils parlent, lapidé par leurs pensées

Encore un jour de moindre niveau. Gestes sans ombres

A quel siècle faut-il se pencher pour s’apercevoir ?

Fougères, fougères, on dirait des soupirs, partout, des soupirs

Le vent éparpille les feuilles détachées

Force des brancards, il y a dix huit cent mille ans on naissait

déjà pour pourrir, pour périr, pour souffrir

Ce jour, on en a déjà eu de pareils

quantité de pareils

jour où le vent s’engouffre

jour aux pensées insoutenables

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Je vois les hommes immobiles

couchés dans des chalands

——————————

Partir.

De toute façon partir.

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Le long couteau du flot de l’eau arrêtera la parole.

Henri Michaux (1899-1984) – Moments, traversées du temps (1973)Poésie/Gallimard , p.121

(Dans À distance , publié en 1997 au Mercure de France , on trouve une version de ce poème , avec quelques variantes , sous le titre : Les jours , encore les jours , la fin des jours p.101 . Le poème y est dit " publié sous le titre La fin des jours dans Caravanes no 3 , 1991")

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Version de À Distance :

Sans qu’ils parlent , lapidé par leurs pensées

Encore un jour de moindre niveau. Gestes sans ombres

A quel siècle faut-il se pencher pour s’apercevoir ?

Fougères, fougères, on dirait des soupirs, partout, des soupirs

Le vent éparpille les feuilles détachées

Force des brancards, il y a dix huit cent mille ans on naissait

déjà pour souffrir pour pourrir, pour périr,

Ce jour, on en a déjà eu de pareils

quantité de pareils

jour où le vent s’engouffre

jour aux pensées insoutenables

—————————————

Le long couteau au bord de l’eau arrêtera la parole.

———————————————

Je vois les hommes immobiles

couchés dans des chalands

partant …

De toute façon , s’en aller

de n’importe quelle façon ,

s’en aller