«urgence d’une écriture !
dans ma boîte à bijoux ,
en attente , ai déposé vos mots »
C’est la fête à l’école , fin du confinement , le printemps et la vie retrouvés .
A la récré , sous le regard des maîtresses , les enfants se lancent spontanément en chantant dans une ronde endiablée . Au centre de leur cercle , un vieux chiffon , le virus !
Ensemble , ils vont lui faire la peau à celui -là
D’un enfant à l’autre , les mains se tendent , s’offrent , les mains se prennent , l’énergie circule , bouillonnante , trop longtemps emprisonnée .
La main gauche de Paul se fait agripper par la droite du nouveau , ce garçon aux ongles longs et sales et qui fait en plus des fautes d’orthographe à tous les mots .
Le ciel bleu du bonheur de Paul s’assombrit d’un coup . Cette main qui veut s ‘accrocher à la sienne le répugne , il veut s’en défaire lui qui se nettoie les ongles tous les jours , avec soin , lui qui a appris à être « comme il faut » en toute circonstance .
Quelques larmes coulent lentement sur les joues de Paul , il veut faire partie des combattants avec les autres , et il ne peut pas être en contact avec son voisin.
La maîtresse a vu la scène , elle a compris l’ importance , pour ces hommes en devenir de ce qui se joue à cet instant .
Elle s’approche des 2 enfants , se saisit d’abord avec douceur de la main aux ongles sales , elle l’ouvre puis délicatement elle prend la main crispée de Paul et la glisse dans l’autre, qui l'accueille . La maîtresse regarde les enfants l’un après l’autre , son geste lent est accompagné d’un sourire très doux, aucune parole . Les doigts aux ongles noirs se replient sans brutalité sur le dos de la main de Paul . Les 10 doigts d’hommes s’accrochent , se cramponnent les uns aux autres , l’alliance entre les deux sera solide .
«Il est parfois nécessaire de se taire pour délivrer une parole juste » Bobin
Commentaires 2
Je pleure de tes mots, de perdre ce que j'ai n'ai pu voir. Merci.
C'est magnifique! Et tous vos mots sont des souffles de vie dans le silence.