Hortense est une lumière mêlée d’ombrages , qui ne sait tenir en place ; alors elle virevolte jusqu’à ma fenêtre . Elle danse Hortense , tous les jours de confinement , elle danse , danse ; ça la met hors d’elle …elle danse .
Je la connais à peine . Je n’ose lui parler . Je la regarde , je la devine . Je la sens transpercer les écrans . A travers la TV à travers ma fenêtre , à travers toutes les vitres , Hortense ruisselle . Parfois sous un air agité , elle rebondit . Elle file . Sur des monts inventés , elle gravit les chemins se tortille . Sur les passages étroits elle sautille , comme un insecte affolé , frétille .
Elle fuit l’ombre , collée . L’ombre qui réverbère ses états d’anxiété , ses états de colère . Comme un typhon , une avalanche de fond , un tourment , une chimère . Le mouvement s’emballe , les muscles se libèrent en rafales sous un rythme d’enfer , elle pulse sort et crache ses tensions ses arrières .
Le vide n’existe pas . Toute la matière s’accorde aux détails de ces choix . De tous côtés , de toutes hauteurs , s’enroule déploie en ascenseur ses membres légers et souplse comme une bulle élastique , comme , comme , comme elle seule sait faire ça .
Elle prend de l’eau , se verse en filament , je vois se dérouler chaque goutte . Au ralenti mon cœur se noie d’une beauté exquise fraîche , hors de moi . Sous la lumière bleutée du reflet je perçois , ses gestes en transparence . Chahutant l’eau de l’air , inondant l’éphémère je fond , je coule elle devient autre , elle devient moi .
Elle traverse mes pensées mon être mon moi . Tout devient possible . Léger , fragile .
Je vole , je tourne , je danse , danse danse . ..
Commentaires 1
"Dansons , dansons , sinon nous sommes perdus" : c'est le credo de Pina Bausch et celui d'Hortense !
Après Émilie , voilà le portrait d'Hortense :
Rien ne peut l'arrêter , c'est une tornade , elle déborde de vitalité , d'énergie ; il est sûrement utile d'être solide pour tenir en face d'un tel phénomène!
Beau texte , plein de vie !