Hiver 21
Les rails hésitaient en tremblant à nous envoyer sur une voie de garage .
C’était drôle !
Toutes ces lignes prennaient de la hauteur comme des vagues , cet acier devenu souple comme de l’aulne pour faire un panier , comme si … une santé en acier , une santé de fer , fluctuait au vrombissement de l’air .
Les trains n’avaient plus fière allure . Ils s’aventuraient , partaient sans trop savoir s' ils arriveraient .
Ils vaguaient comme peut le faire le voyageur au travers de la fenêtre, passant d’une pensée à l’autre du souple au dur, du tendre au pic . Selon le paysage , la musique , le voisin , le contrôleur qui pointe juste au moment où tout allait bien .
Non seulement le wagon unique était presque vide , mais le conducteur inexistant . Pas de billet , pas de contrôle .
Les petites transversales menaient à la mer, à la montagne , sur un temps infini avec de multiples changements .
Rien ne presse . Tout est en route . Que faire d’autre que bouger encore avant la paralysie ? Rien .
L’iode et la neige, tout est de saison ; voir encore l’eau dans tout ses états .
De la doudoune au maillot de bain , se tremper en tout sens et n’attendre plus rien .