Quand le ventre a mal au ventre.
Une légère crampe, une petite douleur, le feu d’une brulure le réveille, La main qui reposait toute proche, sans même y penser vient doucement s’y poser, La chaleur de la paume voudrait l’apaiser, le bout des doigts l’effleure en un tendre massage. Du coup il me parle, me questionne :
« Que sais-tu de moi ? Que dit-on de moi ? »
Je n’y avais pas réfléchi, son nom n’est pas si usité comme si on évitait d’en parler.
Rapidement quelques expressions me reviennent, je croyais en trouver davantage:
Ventrebleu, ventriloque,
Ventre à terre,
La comptine : « j’ai bien mangé, j’ai bien bu, j’ai la peau du ventre bien tendue… »
Ventre affamé n’a pas d’oreille….
Quand on y songe, pourtant, c’est quelqu’un de plutôt sympa :
Le ventre est plat, tendre au toucher, jeune il se montre ou se dévoile coquin.
Il est doucement soulevé par la respiration du dormeur,
Le ventre est arrondi, la peau tellement tendue par le petit, on y pose la main, l’oreille attentive et quand le terme est proche on peut y poser sa tasse du café du matin.
Bronzé ou palot, plissé par la position assise, il tourne autour de son nombril qui nous relie à la longue lignée des porteurs de ventre, ces êtres portés sur la table et tout ce qu’elle peut leur offrir.
C’est une élégante membrane qui dissimule en souriant notre mécanique intérieure quand l’estomac est dans les talons et que le ventre parle : Il gargouille, langage un peu primitif mais très parlant.
Timide, il est rentré, poussant de toutes forces les poumons au moment d’entonner la chansonnette.
Dur, il encaisse quand la soirée se termine en baston.
Tendre, il va au contact, souvent juste avant les lèvres, quand la soirée devient promesse.
Sous le coup de l’émotion, il peut se tordre violemment.
Il se souvient des excès de la veille. Il est ballonné, devient rancunier.
Il faut alors le caresser et lui mentir tendrement : « promis, c’est fini:
Plus de vin blanc,
Plus de boudin blanc,
Plus de chou blanc,
Plus de fromage blanc,
Rien qu’un radis noir. »
Mais le foie n’y croit pas,
La rate s’en tape,
Et la bile s’inquiète,
Plus ou moins discrètement, il émet alors un pet.
Commentaires 1
Ventre-saint-gris, ce texte à du panache(blanc), sans oublier le vent de la fin !