Aujourd’hui la coupe est pleine.
La coupe n’est pas responsable de l’amertume qu’elle porte aux lèvres.
Et le vent non plus qui envoie, innocent, l’odeur de la charogne.
Et l’épine de la rose : par la couture du gant elle traverse la peau et fait jaillir la minuscule goutte de sang.
Et que dire de la guitare désaccordée,
Ou du caillou, petit fruit du hasard, mais doté d’angles aigus, retrouvé coincé entre la semelle et la chaussette.
Faut-il tous les absoudre ?
Je vous le demande, Monsieur le Juge, qui, alors, nous faudra t’il condamner ?
Lorsque la journée a été funeste, que l’estomac proteste et que du fond des talons ou il s’est réfugié, le moral geint comme une vieille.
Faudra t’il appeler à la barre le hasard, la fatalité ou la malchance ?
« C’était écrit… » Plaideront-ils.
Ils diront : « un papillon en volant quelque part vers la Terre de Feu a provoqué sciemment l’enchainement des faits et causes de tous ces évènements malheureux. »
Mais qui va condamner un papillon ?
Et puis il y a prescription…
Heureusement il nous reste nos yeux à fermer, un doigt pour tourner la page et découvrir au réveil un nouveau jour qui se lève.
Commentaires 1
Tellement juste ce texte!
Laisser le temps s'écouler, se laisser traverser par les ressentis , même les inattendus , arrêter de chercher le coupable , c'est plus compliqué que ça et comme écrit dans ce très beau texte, s'abandonner tout simplement à l'envie un jour revenue de se lever au petit jour !