En 1964, en vue d’un diplôme d’études supérieures à l’Université d’Aix, Le Clézio soutient un mémoire intitulé « La Solitude dans l’œuvre d’Henri Michaux ». Le Clézio a donc très tôt répondu à l’importance d’une telle œuvre dans ses lectures et réflexions. Vers les icebergs est publié par le Clézio en 1978, soit quatorze ans après ce premier signe vers Michaux.
Ce livre comprend une courte introduction datée du 15 juin 1978 (p. 7-10) puis le texte « Vers les icebergs » (p. 11-40) qui a été publié pour la première fois dans Les Cahiers du Chemin trois ans auparavant et, après le poème « Iniji » d’Henri Michaux (p. 41-53), « Iniji » de Le Clézio (p. 55-65), publié cinq ans auparavant dans un dossier « Michaux » de La Quinzaine littéraire. Cet ensemble est donc porté par deux poèmes de Michaux : « Iniji, Icebergs, ces deux poèmes extrêmes de la langue française (séparé par vingt années), parmi les plus beaux qu’elle a portés, les plus purs, les plus vrais » (p. 9), précise Le Clézio.
Le titre de l’ensemble ne fait référence qu’à un des deux poèmes, « Icebergs », quand peut-être l’autre, « Iniji » qu’il donne intégralement dans son propre livre, est continué par Le Clézio dans l’énergie verbale d’une écriture portée par une cantillation, du moins une prosodie personnelle qui continue celle du poème de Michaux. La préposition (vers) qui introduit le substantif pluriel de Michaux (Icebergs) indiquerait alors non seulement une direction, celle que Michaux a ouverte dans ce poème avec « son pays, le pays du Nord perpétuel, du tout-à-fait Nord, le pays où le ciel ne s’efface pas, où la nuit ne cède pas » (p. 22), mais également une attitude relationnelle ; laquelle oriente toute l’écriture et d’abord « la relation critique » qu’invente ici Le Clézio en regard de l’œuvre de Michaux exemplairement invoquée dans et par ces deux poèmes.
Extrait d’un article de Serge Martin-pages 105 et 106 : Une relation critique : La voix du poème (Vers les icebergs de JMG Le Clézio ) -ROMAN 20-50-JUIN 2013-JMG Le Clézio
