Association Encrier - Poésies

Rencontres avec des textes d'auteurs Rencontre avec Emmanuel Anati : les origines de l'Écriture

Os- Les Eyzies.jpg

Voilà comment Emmanuel Anati « lit » l’histoire du  décor de cet os de la période magdalénienne :

Sur la gauche deux feux sont représentés ;

au centre huit personnages avec un bâton sur l’épaule : ces bâtons signifient que ce sont des marcheurs ;

au-dessus de deux personnages se retrouvent (retournés) les symboles du feu : c’est le "nom" des personnes);

à droite on reconnait un bison .

Voilà l’histoire racontée sur cet os (d'après Anati ,les Homo Sapiens auraient eu l'intention' de transmettre ce message en recourant à cet ensemble graphique. : Ces huit personnes ont voyagé depuis une Terre de feu ( En Azerbaïdjan, depuis des siècles, des flammes naturelles surgissent de la terre en raison du gaz qui s'enflamme lorsqu'il s'échappe du sol !) pour arriver à une Terre du Bison (la Dordogne)

Voici un lien vers une conférence de Emmanuel Anati au Musée de l'Homme : ICI , conférence dans laquelle il développe son hypothèse de recherche

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Voici un texte de Fabien de Micheli

L'ÉCRITURE EST NÉE IL Y À 50 MILLE ANS : PAROLE D'ITALIEN

Le paléoethnologue Emmanuel Anati antidate les premiers signes graphiques par Fabien De Michelii

L'écriture est née il y a 50.000 années et non pas il y a 5.000 ans au Moyen Orient et dans les plaines de Chine, comme l’ont supposé jusqu'à présent les archéologues. Et ce n’est pas tout : une “langue universelle” était parlée par toute l'humanité il y a 50 mille ans. La dispersion du genre Homo Sapiens, notre aïeul direct, porta cette “langue des signes” sur les cinq continents.

Cette thèse révolutionnaire est avancée par le professeur Emmanuel Anati, directeur du Centre Camuno d'Études Préhistoriques, Brescia et coordinateur des Archives Mondiales de l'Art Rupestre en collaboration avec l'Unesco.

Cette langue commune de l’Homo Sapiens s'exprimait par une proto-écriture faite d'idéogrammes qui, grace aux récentes recherches, peuvent être lues et comprises. Dans le cours des millénaires d'adaptation à différents milieux et climats, le langage s'est diversifié - explique Anati dans une interview à la chaîne T-V France 2 - en formant des dialectes différents desquels se seraient développées toutes les langues de l'humanité Les plus anciennes peintures rupestres dans le monde entier présentent non seulement les mêmes sujets mais aussi les mêmes associations, soutient le paléoethnologue Anati: "Une syntaxe unique et une grammaire unique, tel est le constat, unicité des illustrations en Europe et de là vous les trouvez en Australie ou en Amérique. Et elles ont les mêmes sens sémantique, c'est le même langage".

La nouvelle thèse d'Anati est le fruit le plus important du projet scientifique international Wara, les Archives Mondiale de l'Art Rupestre, géré par le Centre Camuno d'Études Préhistoriques. C'est justement par l'analyse de milliers d'images, qu'Anati a réussi à trouver les dénominateurs communs de “l'écriture” de l'homme primitif.

La 'Proto Écriture' déterminée par le paléoethnologue en étudiant les images conservées dans les grottes dans lesquelles les aïeux de l'homme habitèrent il y a 50 mille ans montre des symboles et des illustrations compréhensibles des Homo Sapiens qui auraient eu l'intention' de transmettre des messages en recourant à cet ensemble graphique.

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Dans un article de la Revue des deux mondes , interrogé par Sophie Laurant , Anati donne cet exemple d'analyse : altamira.jpeg

"Avec mon équipe du Centre camunien des études préhistoriques , nous analysons l'art comme s'il s'agissait d'une écriture idéographique . Pour chaque image , nous relevons les éléments grammaticaux (la typologie) et la syntaxe (les relations entre les signes) . Et le lecture devient alors évidente ! Je vous donne un exemple très connu et représentatif : il existe une gravure archaïque qui appartient à la culture aurignacienne (entre 35000 et 17000ans) , dans la grotte d'Altamira , en Espagne .



Grammaticalement , elle est composée de deux pictogrammes : deux chevaux , l'un vertical , l'autre horizontal . Deux idéogrammes de valeur masculine leur sont associés : une branche et une flèche . Deux autres ont une valeur féminine : un oeil et une lèvre . Enfin , dans l'un des chevaux se trouve dessiné ce que j'appelle un psychodrame : un faisceau de lignes sinueuses .

Si , à présent que j'ai identifié les différents éléments , je tente une analyse syntaxique , cela donne : l'animal vertical est associé à une branche (masculine) tandis que celui qui est horizontal est associé à l'oeil (féminin) . Au-dessus de cette scène , on voit une flècheqqui entre dans une lèvre. La lecture "de base" est simple : nous avons une scène d'accouplement . Quant au psychodrame , il est là pour signifier un souhait ou une exclamation . Pour l'instant , je ne peux pas vous dire si cette scène exprime un récit concret , une idée abstraite , si elle raconte un événement nûment du passé , un espoir au conditionnel , etc . Mais je pense qu'on y arrivera .