Il y a cette sombre beauté de l’ombre qui enveloppe la nuit étoilée . Qui tombe sur la mer et se mélange aux vagues déjà noires. Ou celle qui dort dans ton poing fermé. Qui te submerge quand tu es seul et mesures le lointain devant toi . Et qui te noie quand tu appuies fort sur tes yeux jusqu’à ce que tu en oublies le jour .
Il y a la beauté de la peinture dont la lumière dépossède le peintre et le rend sans modèle .
Il y a la beauté de la musique qui organise l’espace, donnant une forme à ce qui n’en a pas — c’est -à-dire à ton ailleurs .
Mais la vraie beauté est sans ombre , c’est pourquoi elle t’aveugle .
« Dans nos ténèbres , il n’y a pas une place pour la Beauté . Toute la place est pour la Beauté . » (René Char)
Le Huitième Pli ou Le travail de beauté de Gérard Titus-Carmel, (édition Galilée-2013) pages 242-243
