Sur l’île aux oiseaux
dans le printemps du nord
1.
Out of the personal chaos
the vagaries of body and mind
out of the leaves of knowledge
cast on the wind
out of the laughing gull' s throat
and the knife-edge of its flight
out of the blaze of images
in the black of night
out of the many cotradictions
as of burning ice and frozen fire
the white , the empty ,the naked
is what I desire
1.
Né du moi confus
du corps troublé et de l’esprit dément
né des pages du savoir
jetées au vent
né du vol de la mouette rieuse
et des échos de son cri
né des images embrasées
dans le sombre océan de la nuit
né de tant de contradictions
glace brûlant et feu gelé
le blanc, le vide, le nu
voilà ce que j’ai toujours recherché
2.
Here on bird island
where the ocean breaks
in rings of white tumult
round the fractured rocks
where the mind travels high
on the wings of the gull
or knows a quietness
in the curves of ashell
I have come again into my own
the incandescence
thought reduced almost to nothing
lost in the immanence
2.
Ici, sur l’île aux oiseaux
où l’océan vient déferler
en cercles d’écume rageuse
autour des rocs fracturés
où l’esprit s’élève
sur les ailes du fou
ou bien s’abîme à contempler
le quartz blanc d’un caillou
j’ai retrouvé mon être vrai
qui est incandescence
la pensée à peine perceptible
perdue dans l’immanence
 Mahamudra Édition bilingue. Traduit de l'anglais par Marie-Claude White. Paris, Mercure de France, 1979. pages 78 à 81
Épigraphe au livre
“Quand par la méditation yogique un lien a été établi entre la conscience humaine normale et la conscience cosmique, l’homme arrive à la vraie compréhension de lui-même. Simultanément naît le Grand Geste, (la mahamudra).”
Evans-Wentz, Le Yoga tibétain.
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Presse
1.
La poésie de Kenneth White possède le don, quasi exceptionnel en Occident, de désigner en quelques vers parfaits comme un cristal de roche, ce territoire escarpé de l’être, ce monde blanc, réel et sans prestige, où éclot une parole universelle, libre infiniment des « modernités » à la petite semaine. …
Grammaire subtile qui déconditionne le lecteur, lui ouvre un espace tonique, revivifiant. … Langue métaphysique pure qui atteint et découvre le corps vivant du monde : de la contemplaion des rochers déchiquetés par les tempêtes océanes à l’envol splendide du héron au-dessus des brouillards de l’aube.
Jean-Michel Varenne, Nouvelle Littéraire
2.
L’érudition de Kenneth White est d’un caractère particulier : il se passionne pour les techniques extrême-orientales d’appréhension du monde et de perfectionnement intérieur, sans pour autant oublier ni les présocratiques ni la leçon de Baudelaire pour qui la poésie est le réel absolu. Il élabore une métaphysique sans Dieu, où le corps devient l’élément essentiel.
Hubert Juin, La Quinzaine littéraire.