Commentaire paru dans Le Nouvel Observateur :
L'ours était, en Europe, le roi des animaux. L'Eglise l'a diabolisé et puis dompté. Dans un livre passionnant, Michel Pastoureau raconte l'histoire de cette désacralisation.
Ce n’est pas un livre sur l’ours, mais un essai sur les relations passionnelles entre l’homme et l’ours au cours des derniers 30 000 ans que nous offre aujourd’hui Michel Pastoureau, cet historien médiéviste qui a le génie des sujets – auteur notamment de « l’Etoffe du Diable. Une histoire des rayures et des tissus rayés » et de « Bleu. Histoire d’une couleur ». En 1969, dans la fusée qui les emmène vers la Lune, Neil Armstrong et ses deux compagnons emportent un ours en peluche, lointain témoignage de notre cousinage ancestral avec cet animal formidable qui avait « les mêmes espaces et les mêmes proies, les mêmes peurs et les mêmes cavernes », un animal totem qui fit probablement l’objet de cultes préhistoriques.
Michel Pastoureau raconte comment ce terrible fauve, le premier roi des animaux, considéré comme le fondateur de dynasties royales, fut progressivement, par la volonté opiniâtre de l’Eglise et de ses clercs, bouté hors de son trône, exclu de sa place centrale dans les bestiaires européens, ridiculisé, dévalorisé, diabolisé, promené dans les foires. Jusqu’à ce qu’enfin le nounours lui apporte une dernière revanche symbolique – à l’heure où il est menacé de disparition.
Extraits (pages 181-182)
Extrait d'un article de Michel Pastoureau : Quel est le roi des animaux ? (Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur Public)