Association Encrier - Poésies

Rencontres avec des textes d'auteurs Rencontre avec le Livre des morts appartenant au scribe Nebqed-Texte de Christiane Ziegler(1942 - )

LIVRE DES MORTS APPARTENANT AU SCRIBE NEBQED-règne d'Aménophis III (1391-1353 av. J.C.)

PAPYRUS, Texte écrit à l’encre rouge et noire, vignettes peintes ,longueur totale 6,30m

XVIIIe dynastie (vers 1500av.J.C.)

Thèbes

Louvre AE/N3068

Texte de Christiane Ziegler-Pages289-290 du catalogue de l'exposition de 1982 : Naissance de l'écriture

À partir du Nouvel Empire, on déposait dans la tombe un Livre des morts, rouleau de papyrus, de cuir ou de lin, orné de vignettes somptueusement coloriées ou de fins dessins à l’encre, dont les égyptologues ont retrouvé des centaines d’exemplaires.

En général, ils portent un titre écrit au verso du rouleau, et à son commencement: «  Livre de la sortie au jour » .Lus par un prêtre au moment des funérailles, les textes qui les composent sont, grâce à la magie de l’écriture, mis à la disposition du mort pour l’éternité. Ils constituent ce que les premiers égyptologues nommaient la « Bible des anciens Égyptiens » et sont divisés en nombreux chapitres, auxquels, pour plus de commodité, on a attribué un numéro depuis le milieu du XIXe siècle. Ces chapitres, pourvus d'un titre et d'une illustration, ont des sources très diverses : certains remontent à l'époque des pyramides et sont empruntés aux rituels funéraires royaux, d’autres ont leur origine dans les inscriptions privées du Moyen Empire : textes des sarcophages, livre des deux chemins.

Jusqu’au septième siècle avant Jésus-Christ, date à laquelle un classement fut effectué, l'ordre des textes n'est pas fixé et leur sélection varie d'un papyrus à l’autre. Ce désordre reflète à la fois la diversité des sources, la négligence des scribes et aussi les goûts personnels du bénéficiaire : si certains Livres des morts étaient produits et vendus en série, d'autres étaient exécutés sur commande. L'ensemble de ces textes constitue une vaste fresque décrivant les étapes de la renaissance du mort. Celle-ci est conçue à l'image de celle du soleil, qui meurt et ressuscite quotidiennement après un passage dans le monde des ténèbres .

On y retrouve donc constamment le désir qu’à le mort de s'unir au soleil , de faire partie de ceux qui l'entourent et bénéficient de sa lumière. Pour atteindre ce but, un certain nombre de textes sont mis à sa disposition : hymnes solaires, formules lui permettant de prendre les divers aspects de l'astre et de s'identifier à lui, chapitres pour être admis dans la barque du soleil … Après être « sorti au jour » comme le soleil, le défunt rentre dans le monde souterrain pour figurer dans une sorte de Jugement Dernier, au cours duquel il est jugé par le dieu des morts Osiris et ses 42 assesseurs. C'est là que se situent les épisodes les plus connus du livre des morts celui de la pesée du cœur et la confession négative durant laquelle le défunt énumère les forfaits qu'il n'a pas commis. Après son acquittement, il pourra alors goûter en paix aux délices du « champ des roseaux », paradis égyptien où se déroule une nouvelle existence proche de la vie terrestre.

Autour de cette trame s’ordonnent des textes divers. Certains sont en relation étroite avec les rites funéraires: marche vers la nécropole, sauvegarde de la momie au moyen d’amulettes, formule des « ouchebtis » , statuettes magiques qui travailleront à la place du mort …

D’autres mettent le défunt à l'abri des obstacles et dangers qu'il rencontrera dans sa marche vers l'éternité : formule pour échapper au filet de pêcheurs divins, pour ne pas mourir une seconde fois, pour éviter le massacre, pour repousser le serpent, pour ne pas être mangé par les vers… Il en est aussi qui reflètent des terreurs primitives : formule pour éviter de marcher la tête en bas, ne pas boire son urine, ne pas cuire dans l’eau.

Mais on ne saurait en si peu de lignes donner un reflet de la diversité des textes qui composent le Livre des morts. On y voit se succéder des descriptions d'événements ou des rites ,des prières et des incarnations , des dialogues et de véritables drames où le mort affronte ses adversaires . Tous ces textes reflètent une conception magique de la parole et de l’écriture, puisque leur présence aux côtés du mort garantit sa résurrection.

Chapitre 125 : la déclaration d’innocence

« Ce qui doit être dit quand on aborde la salle de la double justice pour voir le visage des dieux ,par l’Osiris, le scribe Nebqed. Il dit: «  Salut à toi, dieu grand, seigneur de justice . Je suis venu à toi pour voir ta perfection. Je te connais. Je connais le nom du grand dieu et de ceux qui sont avec toi dans la salle de la double justice, qui vivent de la garde des méchants et se nourrissent de leur sang, le jour du jugement dernier devant Ounnefer. Je me place près de vous, ô Seigneurs, je vous apporte la vérité , j’ai détruit pour vous l’iniquité.

je n'ai pas commis de faute contre les hommes

je n'ai pas maltraité les gens

je n'ai pas commis de pêché dans la place de vérité

je n'ai pas cherché à connaître (ce qui ne doit pas être connu) …

je n'ai pas fait pleurer

je n'ai pas tué

je n’ai causé de mal à personne

je n'ai pas fraudé sur les pains dans les temples

je n'ai pas profané les aliments des dieux

je n'ai pas enlevé les bandelettes des momies

je n'ai pas été pédéraste

je n'ai pas été dépravé

je n'ai pas fraudé sur la mesure du grain

je n'ai pas faussé le peson de la balance

je n'ai rien enlevé de la bouche des enfants

je n'ai pas privé le petit bétail de sa pâture

Christiane Ziegler-Pages289-290 du catalogue de l'exposition de 1982 Naissance de l'écriture (à Paris)

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On peut consulter :

Le Livre des morts des anciens égyptiens, Édition du Cerf, coll. « Littérature Ancienne du Proche-Orient », 1967 (ISBN 978-2-204-01354-3)-Traduction de Paul Barguet

PARTIE 1 LA MARCHE VERS LA NÉCROPOLE

PARTIE 2: LA SORTIE AU JOUR - La régénération ch.17 à 63B

PARTIE 3 : LA SORTIE AU JOUR - La transfiguration ch. 64 à 129

PARTIE 4 : LE MONDE SOUTERRAIN ch.130 à 162

PARTIE 5 : chapitres additionnels ch.163 à 192

Ce LIVREa été réédité en 1994 avec une présentation et des notes de Guy Rachet chez France Loisirs