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Souvenirs
Semblable à la nature , semblable à la nature , semblable à la nature
A la nature, à la nature, à la nature,
Semblable au duvet,
Semblable à la pensée,
Et semblable aussi en quelque manière au Globe de la terre,
Semblable à l’erreur, à la douceur et à la cruauté,
A ce qui n’est pas vrai, n’arrête pas, à la tête d’un clou enfoncé,
Au sommeil qui vous reprend d’autant plus qu’on s’est occupé ailleurs,
A une chanson en langue étrangère,
A une dent qui souffre et reste vigilante,
A l’araucaria qui étend ses branches dans un patio,
Et qui forme son harmonie sans présenter ses comptes et ne fait pas le critique d’art,
A la poussière qu’il y a en été, à un malade qui tremble,
A l’oeil qui perd une larme et se lave ainsi,
A des nuages qui se superposent, rétrécissent l’horizon mais font penser au ciel,
Aux lueurs d’une gare la nuit, quand on arrive, quand on ne sait pas s’il y aura encore des trains.
Au mot Hindou, pour celui qui n’alla jamais où l’on en trouve dans toutes les rues,
A ce qu’on raconte de la mort,
A une voile dans le Pacifique,
A une poule sous une feuille de bananier, une après-midi qu’il pleut,
A la caresse d’une grande fatigue, à une promesse à longue échéance,
Au mouvement qu’il y a dans un nid de fourmis,
A une aile de condor quand l’autre aile est déjà au versant opposé de la montagne,
A des mélanges,
A la moelle en même temps qu’au mensonge,
A un jeune bambou en même temps qu’au tigre, qui écrase le jeune bambou.
Semblable à moi enfin,
Et plus encore à ce qui n’est pas moi.
By, toi qui étais ma By…
{Henri Michaux ~ Ecuador 1929 © Editions Gallimard p.204-205 du Tome1(Pleïade-1998)