Encrier 87

Textes de 2024 Texte d'Évelyne : Les feuilles

Les feuilles

Dans ma chambre, les murs sont couverts de rayonnages plein de livres. Des livres sur tous les thèmes. Romans, romans historiques, polars, reportages.

J'aime en avoir plein pour pouvoir en prendre un au hasard au gré de mes envies.

Et sur une des étagères, li y a un livre relié en cuir rouge.

Il ne possède qu'une seule page. Celle de ma vie.

J'ai pris le livre et je me suis assise dans el petit fauteuil crapaud que j'aime tant.

Quand je l'ai ouvert brusquement la page s'est mise à se multiplier, se multiplier...

Le livre est devenu lourd sur mes genoux.

Je m'apprêtais à en enlever quelques feuilles lorsque par la fenêtre ouverte sur un printemps resplendissant de couleurs et de parfums, un grand coup de vent fit s'envoler les pages de ma vie.

Je me suis levée, j'ai couru pour récupérer quelques feuilles. J'ai réussi à en attraper quelques unes.

Certaines relataient des souvenirs, d'autres étaient des photos.

-- La première feuille que je réussis à sauver était une photo.

Un homme encore jeune , la trentaine sans doutes était assis sur une chaise dans un décor qui semblait être celui d'un hôpital ou d'une clinique.

Il tenait dans son bras gauche replié, un tout petit bébé.Un nourrisson. Sans doute son enfant, son fils.

L'homme semblait tout étonné de ce qu'il découvrait. Le geste de son bras était maladroit. Il avait la bouche ouverte et semblait parler au bébé. Quant au bébé il semblait regarder lui aussi avec étonnement ce visage qu'il découvrait.

Sa petite bouche ouverte semblait vouloir énoncer des mots en réponse au murmure de son père.

Le père et le fils se découvraient avec autant d'étonnement l'un que l'autre. Premier dialogue.

Mon mari disait parfois en plaisantant qu'il s'était dit, la première fois qu'il avait vu le bébé. C'est «ça mon fils ? Ce petit être tout ridé ? Ce petit bout d'homme que je vais devoir protéger et à qui je vais devoir apprendre la vie.

Il y eu beaucoup d'orages par la suite. Des coups de gueule. Un grand « Je pars » et plusieurs petits je « reviens " par petits morceaux.

Doucement pour ne pas casser le fils qui était tendu. Mais renoué.

Mais ce premier contact tissé avec tendresse lors de leur premier dialogue ne s'était jamais vraiment coupé.

-- La deuxième feuille que je récupérais ,était le récit d'un souvenir de voyage.

L’ÈGYPTE ;

le groupe dont nous faisions partie avait loué un bateaux pour aller déjeuner sur une ile, je crois qu'elle s'appelait : l'île aux femmes.

Une escale en pleine mer était prévue pour une baignade ou la découverte des fonds marins avec masques et tubas.

Mon mari et moi nagions en nous tenant la main car un fort courant avait tendance à nous éloigner du bateau.

Des merveilles s'offraient à nos yeux : Poissons multicolores, algues inconnues .

Enfin tout un monde sous marin merveilleux.

Je vis, posé sur el fond sableux, un morceaux de corail.

Du corail blanchi parce que mort qui avait été cassé. Mais du corail.Il faillait à tout prix que je le ramène dans mes souvenirs de voyage.

Je pris une inspiration et plongeais. Mais je n'atteignis ni le fond de l'eau ni le dit corail. Une deuxième tentative fut aussi infructueuse.

Un peu plus loin de nous, un jeune nubile, corps nerveux couleur d'ambre, tignasse noire bouclée s'amusait. Il plongeait, remontait, secouait sa chevelure.Je lui fis signe et avec mon doigt je lui montrais le morceaux de corail

En deux coups de palme li atteignit l'objet, remonta et avec un grand sourire de ses dents blanches, mit le corail dans ma main

Je le remerciais d'un signe de tête

Mon mari ôta son tuba et me dit : "ah, tu as quand même réussi aussi à l’avoir ton morceau de corail" !




J’enlevais également mon tuba et l'embrassait en riant.

C’est un souvenir heureux que nous avons souvent ressorti de notre mémoire.

-- Enfin je réussis à attrapper entre deux doigts la dernière feuille accessible.

C'était La photo de mon parterre de tulipes de l'année dernière.

Lorsque je plantais les bulbes, à l’automne, je me demandais toujours si j’allais les voir fleurir au prochain printemps.

À l’automne de l’année passée j’avais donc planté des bulbes de tulipes. Tous les ans, je mettais des couleurs différentes. Tantôt en harmonie, tantôt volontairement mélangées.

Cette année, les tulipes coloreront ma solitude.

Le vent a emporté très loin les autres feuilles.

Emportant avec lui les mauvais souvenirs .

Qu’il les garde !

Les bons souvenirs, je les rattraperais quand le besoin se fera sentir.

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