Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Rainer Maria Rilke Rencontre avec Rainer-Maria Rilke : début du Chant de l’Amour et de la Mort du Cornette Christopher Rilke)

Réédition du billet du 11 novembre 2015

Écoutez Laurent Terzieff

Texte du début du Chant de l’Amour et de la Mort du Cornette Christoper Rilke

Chevaucher chevaucher, chevaucher

le jour, la nuit, le jour.

Chevaucher , chevaucher, chevaucher .

Et le coeur est si las

la nostalgie si grande.

Il n'y a plus de montagnes,

à peine un arbre.

Rien n’ ose se lever.

Des cabanes étrangères accroupies

auprès de puits fangeux.,

ont soif . Pas une tour à

l’horizon . Et toujours la

même image, on a deux yeux

de trop.

La nuit parfois, on croit

connaître la route . Peut-être

refaisons-nous nuitamment

l’étape que nous avons

péniblement parcouru sous un

soleil étranger ? C'est possible.

Le soleil pèse , comme chez nous

au coeur de l'été. Mais c'est

en été que nous avons fait

nos adieux. Les robes des

femmes ont longtemps brillé

dans la verdure . Et voici

longtemps que nous sommes

à cheval .C’est donc sans doute

l’automne . Là tout

au moins où des femmes

tristes nous connaissent .


Texte en allemand

Reiten, reiten, reiten, durch den Tag,

durch die Nacht, durch den Tag.

Reiten, reiten, reiten. Und der Mut ist so müde geworden

und die Sehnsucht so groß. Es gibt keine Berge mehr,

kaum einen Baum. Nichts wagt aufzustehen.

Fremde Hütten hocken durstig an versumpften Brunnen.

Nirgends ein Turm. Und immer das gleiche Bild.

Man hat zwei Augen zuviel. Nur in der Nacht

manchmal glaubt man den Weg zu kennen.

Vielleicht kehren wir nächtens immer wieder

das Stück zurück, das wir in der fremden Sonne

mühsam gewonnen haben? Es kann sein.

Die Sonne ist schwer, wie bei uns tief im Sommer.

Aber wir haben im Sommer Abschied genommen.

Die Kleider der Frauen leuchteten lang aus dem Grün.

Und nun reiten wir lang. Es muß also Herbst sein.

Wenigstens dort, wo traurige Frauen von uns wissen.