À propos de Saint-Pétersbourg :
J'ai note ce passage d'un poème de W.G.Sebald , extrait « et que j’aille tout au bout de la mer -V page 39
dans "D'après nature , poème élémentaire" de W.G.Sebald__ édité chez Actes Sud .
Description
Ce triptyque poétique relate trois vies, celle de Matthias Grünewald (v. 1475-1528), peintre du célèbre retable d'Issenheim, celle de Georg Wilhelm Steller (1709-1746), naturaliste et explorateur qui a participé aux expéditions de Bering, et celle de Sebald lui-même. Nés à des époques très différentes mais tous trois dans une même région, ils portent dans leur chair et dans leur âme l'empreinte de la violence.
En cherchant à appréhender l'essence de leurs souffrances et de leurs aspirations créatrices au sein d'un environnement destructeur, Sebald laisse entrevoir, dans son propre itinéraire, quels événements ont concouru à la genèse de ses oeuvres. Dans cette première publication littéraire, parue en 1988, W. G. Sebald aborde déjà ses thèmes de prédilection - magistralement condensés ici dans un poème bouleversant.
V
Kronstadt, Oranienbaum, Peterhof
et pour finir, dans le vide torricellien
un bâtard de trente-quatre ans ,
déposé dans le delta marécageux de la Neva ,
Saint-Pétersbourg sous la forteresse ,
nouvelle capitale russe ,
effroyable pour un étranger,
rien d’autre que l’éruption d’un chaos ,
des bâtiments qui s’enfoncent
à peine édifiés , et nulle part une perspective droite .
Agencés selon le nombre d'or ,
les quais et les ports , les rues et les places,
les lignes de fuite, les façades et les rangées de fenêtres
n'émergent que lentement
du vide sonore de l'avenir
pour imposer un plan éternel à une ville née
de l'angoisse devant l'immensité de l'espace ,
surpeuplée, grouillant d’Arméniens, de Turcs , de Tatars,
de Kalmouks, de Suédois immigrés ,
d ‘Allemands, de Français et des corps
mutilés, torturés à mort ,
des criminels pendus ,
exhibés tout au long de l’avenue .