Sahara
Immense royaume ,jadis fertile
et vert, désormais, sans eau,
quelle ne fut pas ta douleur
à pressentir l’aride fléau ?
Quand les bêtes se raréfièrent
et les plantes, à leur tour, partout ;
que dans le ciel fanèrent les éclairs,
comme les roses au mois d'août.
L'une après, l'autre expirèrent les pluies,
et la caravane des nuages s'enfuit .
Après la débâcle, comme des ponts coupés,
les arcs-en-ciel se sont à leur tour, effondrés.
Tout s'en est allé. T'abandonnèrent
les oiseaux, les plaines neigeuses.
Et, pour finir, tu es resté solitaire
dans ta ménopause majestueuse.
1976
Ismail Kadaré - Poèmes 1957-1997- Poésie-Fayard 1997 ; page 105