Le vol en V des oies sauvages.
Elles ont tracé la seule et unique
lettre qu'elles savent écrire,
V magnifique
dans le ciel de leur exil.
Elles laissent quelque chose après elles,
elles emportent quelque chose par delà les nuages ;
pour cette beauté essentielle,
grâce vous soient rendues, oies sauvages.
Car il a suffi d'une seule et unique lettre
dans le ciel démesurément gris
pour que, mieux qu'une bibliothèque,
vous donniez corps à notre nostalgie.
1980
Ismail Kadaré - Poèmes 1957-1997- Poésie-Fayard 1997; page 114