Chanson vécue XI
Maintenant j’erre sur la mer
Sans chagrin sans but sans escale
Les marins qui me voient de loin
Me croient sur un bateau fantôme
Je vis de vent d’embruns de rêves
Pêchés dans le creux de ma main
J’ai dû maigrir à ce régime
Aucun miroir ne me le dit
Peut-être est-ce cela la mort
Parfois cette idée me tourmente
Je parcours libre à tout jamais
L’univers des vieilles légendes
J'aimais si fort ma solitude
Que pour s'accomplir mon destin
Devait m'accorder cette gloire
De mourir seul sur l’océan
Jacques Bens-Chanson vécue,1958,dédié à Raymond Queneau- Gallimard