Association Encrier - Poésies

Ossip Mandelstam Rencontre avec Ossip Mandelstam - Et Schubert sur les eaux - Huitain

Schubert sur l’eau, Mozart et son chant d’oiseau

Et Goethe sifflotant sur le chemin qui tourne

Et Hamlet méditant à pas effarouchés

Se fiaient à la foule et écoutaient son sang.

Le murmure, peut-être, est plus vieux que les lèvres

Des feuilles tournoyaient dans un vide sans arbres

Et ceux à qui nous offrons de savoir

Dès avant tout savoir avaient acquis leurs traits.




Janvier 1934, Moscou

Ossip Mandelstam, Huitains, VII, dans Simple promesse (choix de poèmes 1908-1937), traduits du russe par Philippe Jaccottet, Louis Martinez, Jean-Claude Schneider, La Dogana, 1994, p. 103.


Autre traduction :

Et Schubert sur les eaux, Mozart, cerné de trilles,

Et Goethe qui sifflait sur le sentier-serpent,

Et Hamlet, qui pensait à pas craintifs,, fébriles,

Avaient palpé la foule, et la croyaient vraiment.

Devançant notre lèvre, un murmure s’élance,

Dans un monde sans arbres, les feuilles tournaient,

Et ceux à qui nous dédiions l'expérience

Bien avant elle ont acquis tout leurs traits.

Novembre 1933/Janvier 1934.

Traduction de Henri Abril Page 179, Les poèmes de Moscou (1930- 1934) Édition CIRCÉ