Encrier 87

Texte de Gérard : Ondine

T’en souvient-il Ondine ?

Je venais près du lac où , brossant tes cheveux , tu souriais au vent et donnais l’impression de baiser les étoiles . Oh combien douce était ta main caressée par la lumière , combien tendre ton regard habillé d’au-delà craintif . À la porte de l’inquiétude je désirais veiller pour toi , chassant les ombres et les menaces que ton corps trop parfait ne manquerait pas de susciter . Tu m’aimais , disais-tu , et je voulais le croire . Nous étions sismiquement liés l’un à l’autre . Les collines , lourds dromadaires , se reposaient à nos côtés , et nos deux mains s’entrecroisant imitaient leur ferme rondeur . Il y a de cela plus de soixante mille heures . Ton souvenir ailé danse dans ma mémoire , feu follet agnelant des millions d’étoiles . Mais le monde moderne ne risque-t-il pas aussi de modifier les ondines ?