Après Gérard Gaborit, après Martine Gasser, c’est Patricia ( Settimio ) qui vient de nous quitter à 59 ans.
Tous les Encrier qui l’ont connue sont très émus, ils ont traversé avec elle des moments tellement forts!
Souvenez-vous: ses boucles d’oreilles, les pompiers à la maison du peuple, tous ses textes, ses mots d’amour infini pour Vincenzo, pour sa fille, pour son frère disparu…
Bobin ( qu’elle aimait ) dit:
« J’ai perdu des êtres qui étaient pour moi des sources de soleil. Ce soleil a été mis en terre. Apparemment mis en terre. Moi je pense que je continue à en recevoir les rayons. »
Texte de Patricia de 2021
Kyrielle de phrases pour mon petit-fils
- V, tu es ma plus DOUCE FRIANDISE, tu es mon doux parfum dans le sirop amer de ma maladie.
- V, tes yeux sont plus pétillants que le CHAMPAGNE, deux petites noisettes qui me lancent des étincelles de vie.
- V, tes sourires sont aussi chauds que mon THE, tes rires sont pour moi comme la caresse du soleil.
- V, tes mots sont sucrés comme des CALISSONS, tu es mes plus belles phrases dans mes plus tristes textes.
- V, ton attention est tendre comme de la mie de PAIN, elle m'apporte de la couleur dans mes moments gris.
- V, ton appétit de découvrir est sans limites, tu INGURGITES les informations avec un esprit riche et lumineux.
- V, tu es mon jardin de délices, tu me saupoudres de ton affection.
- V, tu es mon antidote, mon canot de sauvetage, mon coffre aux trésors, mon étoile du berger, mon petit feu follet
- V, tu es mon reflet d'or
- Avec toi, ma vie devient chant !!!
Deuxième texte de Patricia
Il était une fois un muet de l'émotion. Cette phrase est restée ancrée dans ma mémoire.
Un jeudi matin, deux heures de cours de français. La prof vient de nous lire un texte d'un auteur que je ne connaissais pas encore. Après avoir refermé son livre, elle lance le débat avec sa question : "Qu'en pensez-vous ?"
Notre prof a toujours l'art et la manière de nous faire participer activement à ses cours. Sans hésitation, les mains se lèvent déjà pour demander la parole. Intéressé, j'écoute l'avis des uns et des autres, et même si je ne suis pas forcément d'accord, je prends note des différents arguments. Et quand mes camarades n'ont plus rien à commenter, je balance, sûr de moi :
"Cet auteur, c'est un muet de l'émotion".
Toute la classe éclate de rire, sauf la prof.
Elle exige le silence, me fixe de ses grands yeux gris, se dirige vers le tableau noir et inscrit à la craie bien affûtée : "Il était une fois un muet de l'émotion".
Elle se retourne vers nous, souriante : "Prenez une feuille. Nom, prénom, date, comme d'habitude. Vous commencez votre texte par cette phrase et vous vous laissez porter. Comme je vous le dis souvent, écrire, c'est être libre. Je vous accorde une heure et quart".
J'ai déclenché un tsunami. Les élèves, mécontents d'avoir écopé d'un devoir écrit non prévu, n'en finissent pas de bougonner en me traitant de boulet, d'imbécile, d'idiot et de con.
Mon pote N me sourit, compatissant et se penche sur sa feuille blanche. J'en fais autant. Le calme est revenu dans la classe et j'ai des idées plein la tête. Il me faut maintenant coordonner tout cela, et écrire dans l'aisance des mots les plus justes que je veux voir danser sur le papier.
Le défi n'est pas si simple, ça se bouscule au portillon, tous les mots ont leur mot à dire et se montrent impatients dans le mot à mot. Alors, je respire un bon coup, je me sens de nouveau inspiré. La découverte de l'auteur du texte lu par la prof reste pour moi une référence et va m'aider à exposer mes pensées. Avec ma valise de mots à la main, je pars en voyage avec un muet de l'émotion. Je sens le souffle qui pousse les phrases et les emporte allègrement dans mon texte.
Je pose mon stylo, j'ai terminé juste au moment où la prof ramasse les copies
Commentaires 1
...je n'ai pas connu Patricia...Un regret doux-amer venu en lisant ses écrits...Bon voyage Pat'...