Mort d’un poète
À Henri Sylvestre
On lit, dans une étude sur la poésie,
Que les poètes obsédés par la mort aujourd'hui,
S'inspirent de la tradition germanique.
Cette remarque est une fleur séduisante de la culture,
Mais les sentiers de sa peur n'étaient pas fleuris,
Ils serpentaient autour d'une obscure caverne
Avec la litière de fumier, d'homme et d'os,
Et jamais nul soutien, nul appel ne lui vint
D'aucune tradition germanique ou autre, non,
il travaillait sous la menace d'une primitive massue.
Ainsi meurs fut le sens brutal de la langue étrangère
Qu'il traduisait tant bien que mal dans le goût de l'époque,
Rêvant parfois qu'un dieu lettré, par égard pour cette agonie,
Établirait son nom dans l'immortalité des livres.
Mais retenu du côté des sordides ancêtres,
Ignorant l'art, du feu, dans la caverne il était seul
À savoir qu'il devait mourir de la même mort que les mots, les astres et les monstres.
JACQUES REDA