1 Les mains
Je suis allée à la boulangerie pour acheter du pain et de délicieuses brioches pour le petit-déjeuner. Je me suis arrêtée devant la vitrine de la boulangerie et j'ai vu deux mains dans le verre de la fenêtre.
Je me suis alors soudainement souvenue de la première fois où nous nous sommes tenu la main. Nous avons serré les mains de l'autre si fort qu'elles ont presque atteint notre cœur. Il a continué.
Puis je me suis rappelée la fois où tu as mis ta main sous ma chemisie dans l'embrasure d'une porte. Puis tu as failli m'embrasser, mais la porte s'est soudainement ouverte.
Tu t'en souviens ?
Une dame âgée est sortie du portail. Elle n'a rien dit, souriant en marchant.
Alors que je me tenais devant la fenêtre, je me suis rappelée la fois où tu es arrivé en retard à notre rendez-vous. Il n'y avait pas de téléphones portables à l'époque. Je t'ai attendu parce que je savais que tu viendrais.
Puis tu es arrivé, tu m'as enlacée par derrière et tu m'as embrassée ici.
Tu as brûlé des excuses sur mes lèvres.
Je ne pouvais même pas parler. Je ne pouvais que m'étourdir dans ses bras. Puis tu t'es enivré de mes baisers parfumés... Je ne sais toujours pas pourquoi tu étais en retard. Mais quoi, c'est bien que tu sois en retard.
Et puis, devine quoi, je me suis souvenue de la fois où tu m'as fait signe quand j'ai pris le train loin de toi.
Mes cheveux étaient emportés par le vent alors que je me penchais par la fenêtre du train et que tu me soufflais des baisers et faisais un cœur avec tes doigts. Puis j'ai crié : "Arrose la fleur !" ....
Et puis je me suis souvenue de la fois où tu as couru chez le boulanger et où je suis restée à la maison. Je me suis cachée et j'ai attendu que tu reviennes. Tu me cherchais frénétiquement et tu disais que si je te trouvais, je te mangerais... Et tu l'as fait, parce que quand tu m'as trouvé sous la table, enroulé sur tes genoux et qu'on s'est remis au lit...
J'ai pensé à ces deux mains entrelacées dans le verre de la fenêtre à l'extérieur de la boulangerie...
Et combien je t'aime...
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2 Un dimanche gris
Ce pourrait être un dimanche gris et tranquille où les lumières sont à peine visibles
l'odeur du matin se répand dans la maison,
je te sers du café, moi du thé tes yeux brillent, en face
sur la colline le soleil est magnifique, ta main sur mon épaule
ton sourire me chatouille la joue
tu enroules tes mains autour de ma taille, réveillant mon désir
je le laisse couler en moi partout
tu brûlerais ton baiser avec tes yeux sur mon cou
mais le désir est plus fort que la pensée
c'est comme la mer qui se déchaîne
le parfum de ta peau fait naître le désir encore et encore
tes longs cheveux de soie couvrent mon visage
ce serait bien d'arrêter le temps ici en pyjama, chaussettes chaudes
main dans la main, si nous avions encore le temps
pour arrêter la course du temps dans l'instant présent
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3 Pas la clé
Le bruit de la pluie,
pas le bruit de la clé dans la serrure
des pommes sur la table, une ratatouille chaude
J'ai aussi fait du pain de viande,
pour faire quelque chose à manger
pas seulement pour aujourd'hui, mais pour demain
quand après une longue journée
tu viendrais encore chez moi
J'ai fait le lit
comme tu l'aimes
j'ai caché mon cœur sous ton oreiller
mon parfum est notre couverture d'hier
l'amour brille par la fenêtre
la lumière jaune de la lampe de chevet
éclaire le chemin
si tu devais venir
Le bruit de la pluie,
pas le bruit de la clé dans la serrure.
Je fais un nœud de silence sur mes mots
j'enfile ma robe de chambre colorée
je t'attends doucement, avec amour
la chaleur de ta main manque à mon visage
ton absence tisse un rêve dans mes yeux
Commentaires 3
Je savais depuis bien longtemps que l'Amour est l'un des plus beaux cadeaux de la vie.Mais peut être pas à ce point là. C 'est tout simplement Magnifique. Juste encore un mot MERCI
Commentaire de Daniel sur le texte1 : Les mains
Une dame âgée qui croise l'Amour, oublié, et ses souvenirs revivent...Une vitre, grande, large, ouverte sur ce qu'il ne faut pas oublier... Une table-abri qui attend ses brioches... Un train voleur de futur, mais il y a la fleur... Ecrire ainsi pour dire l'indicible...
Commentaire de Daniel sur le texte 2 : Un dimanche gris
de longs cheveux de soie...un matin comme une aurore...un soleil encore inatteignable, pas encore indiscret...le bonheur léger comme un parfum, grisant, encore et encore... Andréa dis nous le nom de la muse qui porte pyjama...
Commentaire de Daniel sur le texte 3
De tout ce que l'on écrit sur les sentiments sur les sensations, les ressentis et les éprouvés, on devrait penser qu'il n'y a plus de places pour ces sujets tellement volatils, démonétisés depuis des générations... Et voilà, au détour d'une lecture accentuée surgie une caresse...
Daniel
avec un peu de distance je vois que tu connaissais URS et son jardinier . . . " et rose elle a vécu ce que vivent les roses . . . " le temps d'un rendez-vous, tellement attendu ! DD