Retraite
C’est pour une retraite en forêt que j’appelle
Tous les êtres aimés à venir avec moi,
Dans ma cellule de novembre, au fond des ruelles
Spongieuses, étouffant la musique et les pas.
Elle n’est pas toujours recueillie, ma retraite,
Mais de la matinée jusqu’au soir dans les bois,
Vous verrez ce qui fait la journée de mes ormes,
Comme ils prennent le vent, les ombres et la vie ;
Vous irez respirer l’air libre sur leurs crêtes,
Et puis retournerez vers vos demeures d’homme :
Je resterai dans ma retraite en poésie...
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Je vous offre ces bois comme étant de moi-même,
Pour les aimer en vous comme si j’étais là ;
Vous ferez de chacun le confident suprême,
Avec son peuplement de bêtes et de plantes
Et de ciel ; vous verrez quelle est ma préférence,
Ceux qui vous parleront passionnément de moi,
Ceux qui sentent encor mes traces toutes chaudes,
Car j’entrerai par eux dans les amours des autres,
Et même dans la vie des êtres, qui n’ont pas
De forêt...