Beauté du noir
Beauté du noir, qui, plus que la lumière commune,
Dont la force ne peut renouveler les couleurs
Sinon celles que la noirceur de nouveau réduit,
Demeure toujours invariable à la vue,
Et tel l'objet égal sous le regard,
Toi qui ne change pas le jour ni cache la nuit,
Quand toutes les couleurs que le monde dit brillantes,
Et que poursuivait tant la vieille poésie,
Avec la nuit sont disparues et péries
Quand de leur être là il ne reste aucune trace
Tu résistes encore, si entièrement une,
Que nous comprenons que la noirceur est l’étincelle
D'une lumière inaccessible et que seule
Notre noirceur peut nous la faire croire noire.
Edward Herbert, Lord of Cherbury
Traduction de Jacques Roubaud-paragraphe 191 de La destruction, branche 1 du Grand incendie de Londres et paragraphe 34 de Poésie : , branche 4
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Écoutez Richard Mitchley
Sonnet of Black Beauty
Black beauty, which above that common light,
Whose Power can no colours here renew
But those which darkness can again subdue,
Do’st still remain unvary’d to the sight,
And like an object equal to the view,
Art neither chang’d with day, nor hid with night
When all these colours which the world call bright,
And which old Poetry doth so persue,
Are with the night so perished and gone,
That of their being there remains no mark,
Thou still abidest so intirely one,
That we may know thy blackness is a spark
Of light inaccessible, and alone
Our darkness which can make us think it dark.