Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Apollinaire Rencontre avec Apollinaire : Poèmes à Lou -XXXIV Le ciel étoilé - II

Écoutez JL.Trintignant(2003)

XXXIV LE CIEL ÉTOILÉ 

         II

      Je t’écris ô mon Lou de la hutte en roseaux

    Où palpitent d’amour et d’espoir neuf cœurs d’hommes

    Les canons font partir leurs obus en monômes

    Et j’écoute gémir la forêt sans oiseaux


      Il était une fois en Bohême un poète

    Qui sanglotait d’amour puis chantait au soleil

    Il était autrefois la comtesse Alouette

    Qui sut si bien mentir qu’il en perdit la tête

    En perdit sa chanson en perdit le sommeil


      Un jour elle lui dit Je t’aime ô mon poète

    Mais il ne la crut pas et sourit tristement

    Puis s’en fut en chantant Tire-lire Alouette

    Et se cachait au fond d’un petit bois charmant


      Un soir en gazouillant son joli tire-lire

    La comtesse Alouette arriva dans le bois

    Je t’aime ô mon poète et je viens te le dire

    Je t’aime pour toujours Enfin je te revois

    Et prends-la pour toujours mon âme qui soupire


      Ô cruelle Alouette au cœur dur de vautour

    Vous mentîtes encore au poète crédule

    J’écoute la forêt gémir au crépuscule

    La comtesse s’en fut et puis revint un jour

    Poète adore-moi moi j’aime un autre amour


      Il était une fois un poète en Bohême

    Qui partit à la guerre on ne sait pas pourquoi

    Voulez-vous être aimé n’aimez pas croyez-moi

    Il mourut en disant Ma comtesse je t’aime

    Et j’écoute à travers le petit jour si froid

    Les obus s’envoler comme l’amour lui-même