Calligraphie de François Cheng
Terre de Chine
Ce caractère évoque à la fois la terre de Chine et la floraison — une terre de fleurs en quelque sorte. Il m'a inspiré deux calligraphies. Comme les deux tours de la cathédrale de Chartres, l'une était sobre, retenue, et l'autre, un peu plus « flamboyante » ; je choisis de dévoiler cette dernière, car sa violence contenue me convient davantage. Le trait est dense, d'un noir concentré. La terre de Chine, pour les Chinois de ma génération, n'est pas uniquement une image, douce et dorée, nostalgique, mais une terre de souffrance. Je n'oublie pas le prix que les Chinois ont payé à l'Histoire. Leur sang a fécondé cette terre qui les a portés et nourris. Si j'ai signé avec mon nom de plume, qui veut dire embrasser le souffle originel, c'est peut-être avec l'intention de relier ma terre natale, imbibée de sang, au Souffle qui anime l'Univers : un pari sur l'espérance humaine.
Nous avons bu tant de rosées
En échange de notre sang
Que la terre cent fois brûlée
Nous sait bon gré d'être vivants
Extrait de la page 31 de Et le souffle devient signe - Ma quête du vrai et du beau par la calligraphie de François Cheng édition L'Iconoclaste-2001