Association Encrier - Poésies

Rencontre avec Jules Supervielle Rencontre avec Jules Supervielle : Plein ciel

Réédition du billet du 22 mars 2016

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"Henri Michaux , son ami , dit de ces poèmes qu'ils sont "lents mais à grandes enjambées… naissants et chavirés ."

Le poème "Plein ciel" , qui appartient au recueil Le forçat innocent , justifie sous son air modeste l'hommage que Rainer Maria Rilke rendit au poète d'Oloron - Sainte - Marie un an avant de mourir : "Cela crée une continuité au-dessus de abîmes , je sens que cela ne s'arrête nulle part : vous êtes un grand constructeur de ponts dans l'espace ." (Florence de Lussy )

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Écoutez Martine Caplanne

Plein ciel



Au milieu d'un nuage,


Au-dessus de la mer,


Un visage de femme


Regarde l'étendue,


Et les oiseaux-poissons


Fréquentant ces parages


Portent l'écume aux nues.



(Je connais cette femme


Où l'ai-je déjà vue.)




Les chiens du ciel aboient


Dans un lointain sans terres,


Ce sont bêtes sans chair


Qui ne connaissent pas


Cette dame étrangère,


Et donnent de la voix


Avec leur âme austère.




(Elle a deux yeux si noirs


Que je les cherche en moi.)




Silence tout à coup.


Visages dans les mains


Vont les sphères célestes


Qui retiennent leur souffle


Pour que ce chant modeste


Se fraye comme il faut


Son chemin jusqu’en haut.




(Et voici qu’elle a pris


Sa tête entre ses mains.)

Le Forçat innocent - Les Amis inconnus