Ci-dessous, vous trouvez les extraits des trois poèmes de Paul Valéry mis en musique en 1982 par Jean Françaix et chantés ci-dessous par le Netherlands Chamber Choir
Aurore
La confusion morose
Qui me servait de sommeil
Se dissipe dès la rose
Apparence du soleil.
Dans mon âme je m'avance
Tout ailé de confiance:
C'est la première oraison!
À peine sorti des sables,
Je fais des pas admirables
Dans les pas de ma raison.
Quoi ! c'est vous, mal déridées ?
Que fîtes-vous, cette nuit,
Maîtresses de l'âme, Idées,
Courtisanes par ennui ?
Toujours sages, disent-elles,
Nos présences immortelles,
Jamais n'ont trahi ton toit !
Nous étions non éloignées,
Mais secrètes araignées
Dans les ténèbres de toi!
J'approche la transparence
De l'invisible bassin
Où nage mon espérance
Que l'eau porte par le sein.
Son col coupe le temps vague
Et soulève cette vague
Que fait un col sans pareil...
Elle sent sous l'onde unie
La profondeur infinie,
Et frémit depuis l'orteil.
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Cantique des colonnes
Douces colonnes, aux
Chapeaux garnis de jours,
Ornés de vrais oiseaux
Qui marchent sur le tour,
Douces colonnes, ô
L'orchestre de fuseaux !
Chacune immole son
Silence à l'unisson.
--Que portez-vous si haut,
Égales radieuses ?
--Au désir sans défaut,
Nos grâces studieuses !
Nous chantons à la fois
Que nous portons les cieux !
O seule et sage voix
Qui chante pour les yeux !
Vois quels hymnes candides !
Quelle sonorité
Nos éléments limpides
Tirent de la clarté !
Si froides et dorées
Nous fûmes de nos lits
Par le ciseau tirées
Pour devenir ces lys !
De nos lits de cristal
Nous fûmes éveillées,
Des griffes de métal
Nous ont appareillées.
Pour affronter la lune,
La lune et le soleil,
On nous polit chacune
Comme ongle de l'orteil !
Servantes sans genoux,
Sourires sans figure,
La belle devant nous
Se sent les jambes pures.
Nos antiques jeunesses,
Chair mate et belles ombres,
Sont fières des finesses
Qui naissent par les nombres !
Filles des nombres d'or,
Fortes des lois du ciel,
Sur nous tombe et s'endort
Un dieu couleur de miel.
Et les siècles par dix,
Et les peuples passés,
C'est un profond jadis,
Jadis jamais assez !
Nous marchons dans le temps
Et nos corps éclatants
Ont des pas ineffables
Qui marquent dans les fables...
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Le Sylphe
Ni vu ni connu
Je suis le parfum
Vivant et défunt
Dans le vent venu !
Ni vu ni connu,
Hasard ou génie ?
À peine venu
La tâche est finie !
Ni lu ni compris ?
Aux meilleurs esprits
Que d'erreurs promises !
Ni vu ni connu,
Le temps d'un sein nu
Entre deux chemises !