Association Encrier - Poésies

Ossip Mandelstam Eencontre avec Ossip Mandelstam : Le concert à la gare

Écoutez une traduction à la volée de ce poème, par André Markowicz(2005)

(Extrait d'une émission de France Culture de 2006) Le concert à la gare

L’air est irrespirable, et le ciel grouille de vers,

Et pas une seule étoile ne parle,

Mais Dieu peut voir la musique au-dessus de nos têtes,

La gare vibre du chant des Muses,

Et de nouveau fusionne l’air des violons,

Que déchire le sifflement des locomotives.

Immense jardin. Globe vitré de la gare.

Un monde de fer à nouveau sous le charme.

Vers le bruyant festin de l’Élysée embrumé

Se transporte le wagon avec solennité.

Un cri de paon, le grondement d’un piano –

Je suis arrivé trop tard. J’ai peur. C’est un rêve.

Et j’entre dans la forêt de verre de la gare,

La formation des violons pleure, en plein désarroi.

Âpre commencement du chœur nocturne,

Odeur de roses dans les serres en décomposition

Où passa la nuit, sous le ciel de verre,

Une ombre chère, au sein des foules nomades.

Et j’en ai la vision : plongé dans la musique et l’écume,

Le monde de fer tremble, si misérable.

Je m’appuie contre le verre de l’entrée.

La vapeur brûlante aveugle la prunelle des archets.

Où vas-tu donc ? Au banquet funèbre de l’ombre chérie,

Pour la dernière fois la musique aura pour nous retenti.

1921

Ossip Mandelstam Traduction de Michel Tessier

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Voilà ce qu' écrit Ralph Dutli dans son œuvre: Mandelstam, Mon temps, mon fauve ,page 234 (édition La Dogana,2003) à propos du poème, Concert à la gare :

Le poème Concert à la gare, est également une réaction à la mort de Blok , à son grand thème de l'asphyxie du poète et la dispariion de la musique;

Mandelstam se remémore les concerts de son enfance dans la gare de Pavlovsk, Cette architecture de verre et de fer, dans laquelle se heurtaient douloureusement, la musique et le progrès technique, Tchaikovsky et le sifflement des locomotives.

Le poème commence par un constat __ »impossible de respirer. Le firmament grouille de larves" — pour se clore sur la disparition de la musique :

Et cette impression que dans la musique et le chant

Tremble comme un mendiant, de tout son corps, ce monde du fer,

Au vestibule de verre, je m’appuie; brûlante,

La vapeur aveugle la prunelle des archets

Où t'en aller? Une dernière fois la musique ,

Au repos pour la mort de l'ombre chère, résonne.